23 : Une vie princière

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J'aurais aimé profiter d'une grasse matinée dans les bras de mon époux, mais mes obligations en ont décidé autrement. C'est donc dès dix heures que le téléphone de ma chambre, qui relaye celui de mon bureau, se met à sonner. Je décroche, et mon assistant m'informe que le Roi m'attend. Tout de suite. Je soupire et lui dit que j'arrive, avant de raccrocher. Savent-ils que c'était ma nuit de noce ? Et puis, que peut-il y avoir de si urgent ?

Dans mes bras, Maël râle sans pour autant se réveiller. Dire que nous portons encore nos vêtements de la veille. Tant pis, et, pour cette fois, qu'importe ce que mon Grand-Père en pensera.

Je me lève en faisant mon possible pour ne pas réveiller mon bel endormi, passe dans notre salle de bain pour me passer un peu d'eau sur le visage, puis je remets un peu d'ordre dans mon costume et le lisse de mon mieux. Je quitte l'appartement, traverse mon bureau, salue les assistants, et vais frapper à la porte du bureau de mon Roi.

Il me fait entrer et je le vois dans son fauteuil, dos à la porte. Mais, même si je ne vois pas son visage, à ses doigts qui cognent sur ses accoudoirs, je sais qu'il est tendu.

_ Tu m'as fait demandé. » lui rappelle-je ma présence alors qu'il ne se retourne pas.

_ Ton père est déjà parti. Je pensais que tu te lèverais pour lui dire au revoir. » me fait-il d'un ton bourru.

_ Nous l'avons fait hier soir. Nous préservons l'illusion de notre mésentente. Selon lui, c'est indispensable, quel que soit le lieu.

_ J'ai toujours pensé que c'était ta mère qui lui permettait d'être aussi subtil. » commente-t-il en hochant la tête. « Mais apparemment je me trompais.

_ C'était leur idée à tous deux. » lui rappelle-je ce que mon père m'avait confié et dont j'avais fait part à mon Roi. « Mais tu ne m'as pas convoqué pour ça, n'est-ce pas ?

_ Ton oncle a appelé. Il espère que tu le rappelleras. Il veut te faire ses félicitations lui-même.

Je ne réponds pas. Je sais que, dans l'esprit de mon Grand-Père, se battent les mêmes pensées : comment m'exonérer de cet appel sans que cela ne fasse un scandale.

_ C'était quand ?

_ A huit heures.

Soit il y a deux heures. Ce qui veut dire que mon Roi se casse la tête depuis tout ce temps pour trouver une solution. Donc, si je suis là...

_ Que veux-tu que je lui dise ? » serre-je les dents.

_ Je sais que tu ne veux pas lui parler. Rien ne t'y oblige. Nous pouvons trouver une excuse.

_ Si tu en avais trouvé une, je ne serai pas là. Alors, dis-moi.

_ Fais au plus court. Pas de déclarations, ni amicale, ni de guerre. Le mot d'ordre est statu quo. Ne le laisse t'entraîner dans aucun débat. Tu écoutes ses félicitations, tu le remercies, et tu raccroches.

_ Très bien. » tends-je la main vers le téléphone.

_ Fais ça dans ton bureau. » m'arrête-t-il. « Si ça dérape, je veux pouvoir dire que tes mots ne reflètent pas notre position officielle.

Il ne s'est même pas retourné. Ça a un coté ''cette discussion n'a jamais eu lieu''. Il faut dire que je suis censé être en lune de miel. Je quitte son bureau sans un mot de plus, et retourne dans le mien.

Je me laisse tomber dans mon fauteuil et regarde le téléphone avec lassitude. Je n'ai pas demandé à mon secrétaire de passer l'appel, je le ferai moi-même. Mon Grand-Père a raison, je ne veux pas lui parler. Mais ça serait lui laisser une trop belle ouverture que de ne pas le rappeler. Je serre les dents, expire les yeux fermés, et attrape finalement le combiné. Je compose le numéro, lance l'appel, le met sur haut-parleur par flemmardise... et il décroche.

L'étudiant, Le Prince et l'alpha [Terminée] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant