7 : A l'ambassade

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_ S'il te plait, mon soleil ! » insiste-je encore une fois, alors que nous finissons de déjeuner au réfectoire.

_ Je t'ai dit non, Jules ! » reste-t-il intransigeant.

Il ne me regarde même pas, restant concentré sur son dessert.

_ Mais pourquoi ? » râle-je.

_ Parce que je veux garder mon indépendance ! Et puis, nous ne sommes en couple que depuis quelques semaines !

_ Deux mois ! » le corrige-je.

_ Ça ne fait toujours qu'une petite dizaine de semaines, Jules !

_ Mais puisque, de toute façon, nous passons déjà nos weekends ensemble, autant que tu viennes vivre avec moi. Ça ne changera pas grand-chose.

_ Jules, c'est non ! Fin de la discussion. Je ne quitterai pas mon studio ! J'ai besoin de pouvoir être seul parfois, d'avoir mon intimité. Et puis, je te l'ai déjà dit : c'est trop tôt !

_ Tu ne changeras pas d'avis, n'est-ce pas ? » me plains-je.

_ Tu as changé d'avis sur le fait de me laisser rencontrer ton père ? De me présenter à lui ? » m'oppose-t-il.

Je grimace et grogne un peu à l'évocation du locataire officiel de l'ambassade. Je sais qu'effectivement, si je veux que Maël vienne vivre avec moi, dans mes appartements, il faudra que je les présente l'un à l'autre... ainsi qu'à mon oncle. Si présenter mon petit-ami à mon géniteur me fait grimacer, l'idée de devoir le présenter également à son bras droit me hérisse les poils. Je n'ai une très haute opinion d'aucun de ces deux hommes, et depuis les rumeurs sur la succession de mon grand-père, mon avis sur eux n'a fait que se renforcer. Mon père est un faible doublé d'un idiot, mais avec une éminence grise en la personne de son frère. Je ne serai pas son fils, sa chair et son sang, je ne me risquerai pas seul dans les couloirs de l'ambassade, alors que je suis celui qui lui a ravi la place qu'ils convoitaient. Mais avoir mon petit-ami à mes cotés, c'est tout ce à quoi j'arrive à penser.


En face de moi, Maël semble fier de m'avoir cloué le bec, et regarde nonchalamment autour de lui, faisant mine d'observer les autres étudiants. Je le trouve un peu pâle et encore cerné suite à sa nouvelle absence, la seconde en deux mois. Je me dis qu'un peu de soleil ne ferai pas de mal à celui qui est le mien. Et, en y réfléchissant, ça pourrait être un bon test pour savoir si nous sommes capables de nous entendre...

_ Mon soleil, dans un mois, nous serons en vacances. Si nous partions à la mer ?

Son regard se rive au mien, et, à ses yeux grands ouverts et son expression incrédule, je sais qu'il ne s'attendait pas à ce que je change à ce point de sujet.

_ Jules, je n'ai pas les moyens de partir en vacances. Et puis, la mer ? A cette époque de l'année ? Tu imagines un peu jusqu'où il faudrait partir pour pouvoir en profiter ?

_ Toi, tu t'occupes de tes bagages, et moi du reste. Je vais nous trouver un petit coin sympa, où on pourra se reposer et profiter un peu l'un de l'autre, sans la pression des devoirs à rendre. Tu as un passeport ?

_ Non, Jules Quisberry, je n'ai pas de passeport ! » fulmine-t-il. « Et de toute façon, il est hors de question qu'on parte en vacances et que je sois à ton crochet !

_ Mon soleil, » lui souris-je calmement, « il me semblait que nous avions déjà eu cette discussion : j'en ai envie, et j'ai les moyens. Alors ne discute pas, c'est moi qui invite, et c'est tout. Si tu veux, tu payeras un resto sur place.

Tout en parlant, je sors mon smartphone et commence à pianoter dessus pour lui trouver les informations relatives à l'obtention d'un passeport avant de lui envoyer le lien.

L'étudiant, Le Prince et l'alpha [Terminée] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant