Chapitre 16

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Le lendemain matin, Manon, Valdi, sa maman et son papa prirent le petit déjeuner sur le port de Reykjavik. C’était le jour du départ de ce dernier pour toute une semaine de pêche en haute mer. Il lui restait encore quelques instants à passer en leur compagnie, le temps de partager quelques souvenirs supplémentaires, tandis que son chalutier, avec sa coque orange flamboyante, l’attendait fièrement dans le port.

Pendant ses derniers moments de détente, Mr Emilson expliqua à Manon que les histoires de marins islandais étaient peuplées d’animaux fantastiques et de légendes terribles. Ainsi, quand il était petit, les anciens racontaient que Hrosshvli, un animal imaginaire à la fois baleine et cheval sévissait dans les mers tout autour de leur île. Selon leurs dires, ce monstre marin frappait la surface de l’eau avec sa queue de cheval et provoquait des vagues gigantesques pour faire sombrer les navires.

« C’est terrible ! » Frissonna Manon. « Et vous n’avez pas peur de le croiser un jour ? »

« Ce n’est qu’une légende. » Répondit Monsieur Emilson amusé. « Enfin, je crois… Car ne jamais l’avoir croisé sur ma route ne veut pas dire qu’il n’existe pas en fin de compte ! » Conclut-il en faisant un clin d’œil à son fils.

Manon ne savait pas trop quoi penser de tout cela.

« Ton papa aussi doit te raconter des histoires des anciens, non ? » Demanda Mr Emilson.

« Il me raconte souvent, -mais ce n’est pas une légende-, c’est une histoire vraie ! » annonça t’elle fièrement, « que mon arrière-grand-père, qui est né au Brésil, a, lorsque sa maman est morte, traversé l’océan avec son papa pour venir vivre au Portugal. Il était encore tout petit à ce moment-là. Une fois au Portugal, il a un jour décidé, alors qu’il n’était un jeune garçon d’une douzaine d’année, de quitter son père et sa belle-mère qu’il n’aimait pas, pour aller vivre en France. Il était seul. Il était à pied. C’était il y a très longtemps. Mais il était très courageux, et rien ne l’arrêtait. Il a mis plusieurs années à arriver jusqu’en France, mais il a réussi ! » 

Valdi et son papa regardèrent Manon, admiratif.

« C’est une magnifique histoire. » Conclut Mr Emilson. « Tu peux être fière de cet homme et de ce qu’il a accompli alors qu’il était si jeune. Il a dû ensuite avoir une vie bien remplie. »

« Oh oui ! Surtout qu’il a vécu jusqu’à 103 ans ! » Répondit Manon, heureuse d’avoir intéressé ses compagnons avec son récit. Puis, changeant de sujet, elle demanda à Mr Emilson :

« Et vous allez pêcher quoi ? »

« Du cabillaud. Nous croisons les doigts, il semble que la pêche soit excellente en ce moment. »

« Les anciens racontent qu’un jour, il y a longtemps, les poissons étaient si nombreux qu’on en voyait même depuis les rives de notre île. Ils étaient si près qu’on pouvait même les ramasser depuis la terre ferme ! Si seulement ça pouvait être comme ça cette fois-ci. Tu partirais moins loin chercher le cabillaud et tu rentrerais plus vite. » Espéra Valdi.

« Tu sais, ça aussi c’est une légende » Répondit doucement son papa. « Mais si la pêche est aussi bonne qu’on le dit cette année, j’espère être vite de retour. »

L'amour se multiplie, il ne se divise pas...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant