Quelques minutes plus tard, Manon, Valdi et son papa passaient entre les deux immenses totem en bois sculptés du parc Hellisgerdi et entraient dans le royaume du peuple invisible.
« As tu pris la carte ? » demanda Mr Emilson à son fils.
« Pas la peine, depuis le temps qu’on vient, je connais le parc par cœur ! » Répondit Valdi d’un ton légèrement supérieur.
« Le parc est si grand pour que l’on ait besoin d’une carte pour s’y retrouver ? » demanda Manon impressionnée.
« Pas du tout. La carte ne sert pas à se diriger dans le parc mais à savoir où se cachent les êtres qui composent le peuple invisible ! » répondit Mr Emilson amusé.
« Ah. » Fit Manon, de moins en moins rassurée. « Et ils sont nombreux ? » Osa t’elle.
« D’après la carte, il y a 20 familles de nains, 4 familles de gnomes, un nombre incalculable d’elfes, sans oublier les trolls, les fantômes… ! » Déclara très sérieusement Valdi.
« Et ben ça en fait du monde ! » Remarqua Manon impressionnée. « Et il y a des elfes ! ça alors, j’ai toujours rêvé d’en rencontrer ! Elles sont si belles avec leurs longs cheveux soyeux et leurs robes magnifiques qui leur tombent en bas des pieds… »
« Les anciens disent que certains elfes élisent domicile dans les maisons islandaises et sont susceptibles de déménager dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. C’est pourquoi, cette nuit-là, chaque chef de famille fait le tour de sa maison, en répétant, comme le veut la tradition : « Partez ceux qui veulent partir, et restez ceux qui veulent rester. Mais ne faites pas de mal ni à moi ni aux miens. » Raconta le papa de Valdi.
« Je trouve ça génial. Vous en avez chez vous des elfes ? » Demanda Manon, excitée par le monde merveilleux qui l’entourait.
« Je crois que chez nous ce sont plutôt des elfes domestiques qui ont élu domicile ! » Répondit Valdi légèrement ironique. « On dit qu’ils sont très taquins, qu’ils cachent les lunettes ou les clés au moment où l’on en a besoin. Et c’est exactement ce qui se passe chez nous. Et puis elles réapparaissent, comme par enchantement. Papa dit que ce sont les elfes qui les ont rapporté parce qu’ils avaient fini de jouer avec… »
Manon se tourna vers Mr Emilson pour savoir si cette histoire était vraie. Il la regarda et haussa les épaules comme pour laisser le doute planer…
« Et tu as déjà rencontré des elfes, des trolls ou des nains dans ce parc ? » Demanda Manon à Valdi, alors qu’ils venaient de passer devant un drôle d’animal sculpté dans un tronc de bois, sans doute un dragon à deux têtes ou une bête fantastique dont seuls les Islandais connaissaient l’existence !
« Des elfes, j’en ai vu pleins, et des nains aussi, mais heureusement pour moi, je n’ai jamais croisé de trolls. Ce sont nos ennemis, et des vrais cette fois. Si jamais ils nous surprenaient ici, ils ne feraient qu’une bouchée de nous… » Expliqua Valdi sans sourire.
« J’espère que nous n’en croiserons pas alors… » Souhaita Manon en se rapprochant des deux autres visiteurs.
Ils arpentaient les chemins de lave du parc, épiant chaque mouvement, chaque ombre susceptibles de révéler la présence d’un être fantastique, quand soudain :
« Là, un elfe ! regardez ! » C’était Valdi qui pointait son doigt vers le sommet d’un petit muret de terre, à une vingtaine de mètres d’eux.
Manon se tourna aussitôt dans la direction indiquée et n’en crut pas ses yeux.
Sur le promontoire, une forme minuscule, toute fine, peut-être un peu floue, était là, comme attendant quelqu’un ou quelque chose.
Manon voulut s’approcher, mais Valdi la retint.
« Si tu fais encore un pas, il s’enfuira. »
Elle se figea. Elle aurait voulu le voir de plus près, le toucher, lui parler peut-être… Mais elle n’osa pas braver l’interdit de son ami.
Quel moment magique ! Jamais elle n’avait vu quelque chose d’aussi merveilleux. Elle aurait pu rester là indéfiniment, à la regarder, à l’admirer.
« Je ne voudrais pas avoir l’air de jouer les troubles fête, mais je crois bien que nous devrions rentrer. » Suggéra tout doucement Mr Emilson à Valdi et Manon.
« Non papa, restons encore un peu. »
« Non, non, partons… Maintenant. » Le ton de Mr Emilson devint plus insistant.
« Mais pourquoi ? » Demanda Valdi légèrement agacé.
« PARCE QU’UN TROLL VIENT TOUT DROIT SUR NOUS ! » finit par crier Mr Emilson en prenant chacun des enfants par la main pour les entrainer vers le sortie.
Sans prendre la peine de se retourner pour vérifier qu’un troll les poursuivait bien, Manon et Valdi détalèrent et ne s’arrêtèrent de courir que lorsqu’ils furent arrivés à la maison, à une centaine de mètres de là.
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L'amour se multiplie, il ne se divise pas...
PertualanganManon, jeune fille de 9 ans, est un peu perdue au sein de sa "trop grande" famille recomposée. Un soir, tandis que tout le monde dort, elle envisage de fuguer, et se retrouve, comme par magie, propulsée aux quatre coins du monde, pour vivre en compa...