L'amour se multiplie, il ne se divise pas...

Chapitre 21

« Rame plus fort Edouardo, nous devons la montrer à papa le plus vite possible ! »

Les deux garçons avaient tant bien que mal réussi à installer Manon dans la pirogue et comme elle ne se réveillait pas, avaient décidé de la ramener au village.

« Papa saura ce qu’elle a et la guérira. » Déclara Paquito pas très rassuré.

« Bien sûr qu’il trouvera, c’est le meilleur Shaman de toute la région. » Rassura Edouardo.

Une fois sur la berge, ils la prirent, l’un par les bras, l’autre par les jambes, et aussi vite qu’ils le purent se précipitèrent vers leur village dont les maisons étaient alignées au bord du fleuve.

Ils entrèrent précipitamment dans l’une d’elles. Comme les autres, celle-ci était ovale, les murs constitués de rondins de bois et le toit recouvert de palmes. C’était la maison du Shaman et par conséquent, aussi celle d’Edouardo et Paquito, mais la pièce qui était réservée aux soins leur était habituellement interdite. À leurs yeux, elle avait tout de la caverne aux trésors. Un peu partout, de petites écuelles en bois remplies de pâtes sombres ou de liquides noirâtres semblaient attendre qu’on les utilise accompagnés d’une quelconque incantation. Ici et là, des objets aux formes étranges, et aux couleurs criardes étaient posés, laissant supposer un usage proche de la sorcellerie. Quant aux plumes d’oiseaux de tailles et de couleurs aussi diverses que l’arc-en-ciel, il y en avait partout, sur les murs, entre les palmes, par terre…  à quoi pouvaient-elles bien servir ? Le Shaman ne leur diraient pas de si tôt.

En quelques mots, les enfants expliquèrent à leur papa ce qui s’était passé. Ce dernier réfléchit un long moment, puis leur demanda de sortir, en leur promettant que leur amie serait bientôt tirée d’affaire.

Personne ne savait ce qui se passait lorsque le Shaman soignait un malade.

Tout ce qu’il acceptait de dire c’était que chaque maladie était le fruit d’un désaccord entre l’homme et la nature, et qu’il devait trouver comment recréer le lien entre les deux pour parvenir à la guérison. C’était un peu obscur, surtout pour les enfants, mais ça marchait presque à tous les coups, alors quelles que soient ses méthodes, l’important était qu’elles portaient leurs fruits.

Lorsque Manon se réveilla, elle se demanda où elle se trouvait. Ses souvenirs de la journée se mêlaient avec les précédents et tout s’embrouillait dans sa tête.

Quand elle aperçut le Shaman, tout lui revint à l’esprit.

« Te voilà réveillée, jeune Manon, j’en suis très satisfait. » Lui dit le papa de Paquito solennellement.

« Qu’est ce qui m’est arrivé ? » Demanda t’elle.

« Tu n’as pas supporté la chaleur de notre soleil. Il tape fort ici. Si nous sommes habitués, ce n’est pas ton cas. Ton corps a épuisé toutes ses réserves pour lutter contre la chaleur et tu as perdu connaissance. J’ai fait ce qu’il fallait pour que tu retrouves toutes tes ressources et reprennes des forces. Je pense que si tu fais attention, cela ne se reproduira pas. »

« Merci beaucoup. » Lui dit Manon reconnaissante. « Vous n’êtes peut-être pas très drôle mais sans vous, je ne sais pas ce… »

« C’est pourquoi il faut être vigilante, jeune Manon. » La coupa le Shaman. « Repose toi encore un peu et ensuite tu pourras rejoindre Paquito et Edouardo. Un grand événement se prépare et si tu le veux, tu pourras y assister. »

« Oh oui, je veux bien. » Accepta Manon sans réfléchir. Malgré les dangers qui rodaient dans cette forêt, elle se sentait en sécurité en compagnie de ses amis et du Shaman. Grâce à eux trois, elle était sortie indemne de sa mésaventure. C’était agréable d’être entourée de personnes sur qui elle pouvait compter.