Le Magicien De Noël

5 décembre

-" Bon, tu viens pour moi ou pour jouer aux jeux vidéo ?!"

-" Mais c'est que tu serais jalouse en plus ?"

-" Pas du tout, tu as déjà le culot de venir chez moi tous les jours, alors si maintenant, tu viens avec tes consoles, ça va devenir insupportable !"

-" Mais je t'ai proposé de jouer, tu n'as pas voulu !"

-" Je n'ai pas envie de jouer, j'ai le droit !"

-" Tu as surtout peur de perdre..."

-" Passe-moi une manette tout de suite !!"

C'est la première fois que je vois Emma en dehors de son fauteuil. Elle est assise comme une enfant, les deux jambes tendues, sur le lit, je suis assis à côté d'elle. On tient tous les deux fermement notre manette.
Ce matin, avant de partir au travail, j'ai décidé de prendre ma console. Mon plan était de faire jouer Emma, pour passer un moment convivial. Et j'ai réussi. Rien de mieux qu'une bonne course de voiture pour rapprocher des personnes.

-" J'ai encore gagné !! Emma 3, Adrien 0 et boum, tu disais ?"

-" Non, mais ce n'est pas possible, tu triches !!"

-" Pas du tout, on appelle ça le talent mÔsieur !"

-" Ça va les chevilles ?"

-" Attention, je pourrais mal le prendre"

-" Et pourquoi ça ?"

-" Bah, je suis en fauteuil roulant à cause de mes jambes !"

-" Oui parce que mÂdame ne veut pas se battre !"

-" Arrêter Adrien, je n'ai pas envie de m'embrouiller aujourd'hui..."

-" Ok, c'est bon, ... Mais avoue que c'est dommage"

Je comprends au regard qu'elle me lance qu'il vaut mieux que je me taise, sinon ça va mal finir. Et moi aussi, je n'ai pas envie de m'embrouiller aujourd'hui, surtout que pour le moment tout se passe bien. Je me laisse tomber en arrière sur son lit, bizarrement, je m'attendais à l'entendre râler, mais rien. Je lui lance un petit regard interrogateur. Elle me regarde toujours avec son regard froid. Nous nous sommes un peu rapprocher depuis le premier jour, mais elle garde toujours ce visage crispé et vide d'émotion. Elle ferme les yeux, et dépose sa tête sur mon torse. Je m'attendais à tout sauf à ça. Si on m'avait dit que les jeux vidéo rapprochés autant, je les aurais amenés depuis le début.

-" Dire qu'il y a cinq jours, tu ne voulais pas me voir"

-" C'est toujours le cas rassure toi !"

-" A oui ? Tu as une drôle manière de le montrer."

-" Je te rappelle que tu es chez MOI, dans MA chambre, sur MON lit donc je fais ce que je veux, et je n'ai pas besoin de me justifier de mes moindres faits et gestes !"

-" Bien Mad'me"

Nous sommes restés comme ça un moment, je ne serais dire combien de temps puisque je me suis endormie et Emma aussi. Je me suis fait réveiller par une notification de batterie. J'ouvre doucement les yeux, Emma est encore sur moi, elle a l'aire de bien dormir, tellement bien qu'elle bave un peu, super... La pièce est seulement éclairée par l'écran de télévision. Je tapote délicatement sur l'épaule d'Emma pour la réveiller. Elle se relève brusquement, et essuie la bave qui à couler sur son menton, elle regarde vers le bas toute gênée. J'étouffe un petit rire. Je m'assois sur le bord du lit et remets mes chaussures. Quand je me retourne Emma avait reprit sa place dans son fauteuil. Elle parait tellement plus triste quand elle est dedans. C'est dommage, et dire qu'elle pourrait changer cela. Elle fait rouler son fauteuil jusqu'à sa fenêtre et refixe l'extérieur. Et voilà, j'ai retrouvé la fille triste que j'ai l'habitude de voir... Je prends ma console, salue Emma et sors de la chambre. Elle n'a même pas voulu que j'allume sa lumière. En sortant, je croise Madame LAROSSERIE.

-" Adrien, je commencé à m'inquiéter, il se fait tard"

-" Oui, excusez-moi, nous nous sommes endormis..."

-" Ce n'est pas grave, c'est pour vous, il n'y a plus de tramways à cette heure-ci."

-" Ce n'est pas grave, on vient me chercher, ne vous inquiétez pas."

-" Parfait, dites-moi, quand je suis passée devant la chambre en début d'après-midi, j'ai cru entendre ma fille rigoler ?"

-" Oui, nous jouions à la console de jeux, je pense qu'elle a bien aimé."

-" Vous êtes merveilleux !"

-" Merveilleux, je ne sais pas, son sourire n'a pas duré hélas, j'ai l'impression de son passé revient toujours au gallos, alors que tout se passe bien. Tant qu'elle sera sur ce fauteuil, elle n'arrivera pas à passer à autre chose. J'aimerais lui redonner confiance et lui donner envie de se battre pour qu'elle laisse ce fauteuil de côté."

-" Vous voyez gros, mais se serait merveilleux. Après tout, en cinq jours, vous avez réussi à lui faire faire des choses qu'elle n'avait pas fait depuis son accident.

-" Je vais garder espoir..."

Madame LAROSSERIE à raison, elle arrive à sourire par moment, elle joue, elle sort de sa chambre par moment, et malgré le fait que pour le moment l'objectif est loin d'être accomplie, cette après-midi m'a prouvé qu'il y a encore une chance d'y arriver et c'est le principal.