Chapitre seize

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La soirée que m'ont proposée Sho et Sue va bientôt commencer. Il est prévu que Mathias et mon petit frère Tay passent me prendre pour m'y accompagner. En attendant leur arrivée, je me prépare. Je n'ai pas envie de me faire la plus jolie possible. Je ne voudrais pas attiser les sentiments déjà profonds de Mathias pour moi. Je ne voudrais pas lui faire croire que je ressens la même chose. Parfois, j'aimerais lui avouer la vérité, lui avouer que je ne me vois pas faire ma vie, construire mon foyer avec lui. J'aspire à bien plus mais je ne peux le confesser : mes parents s'en offusqueraient et je lui briserais le coeur. Si je ne suis pas amoureuse de lui, il a mon entière confiance et toute mon amitié. J'aurais peur de perdre mon meilleur ami s'il savait. 

-Rencard en perspective ? M'interroge Cédric depuis mon lit.

Je tourne la tête d'un quart pour le voir me scruter de haut en bas. Je fais semblant que ça ne me trouble pas et je continue à me maquiller légèrement.

-Tu as un problème avec les rendez-vous amoureux, toi. Et pour ta gouverne, non. Il ne s'agit pas d'un rencard.

-Tant mieux. Soupire-t-il.

Je fais comme si je n'avais rien entendu. Je n'ai plus besoin de blush désormais.

-Et puis même si j'allais effectivement à un rencard avec un garçon, en quoi ça te regarderait ? Je n'ai aucune obligation de te le dire. Je poursuis pour changer de sujet.

-Je sais bien. Mais je m'ennuie à en mourir ici. Tu comprends, je n'ai pas l'habitude de rester toute la journée dans une maison. J'aime nager, courir, sauter, bouger. M'évader. Et en ce moment, je dois reconnaître que tu es ma seule source d'évasion alors tes histoires amoureuses me distraient.

Je pose mon pinceau sur ma coiffeuse et le rejoinds. Je prends place sur le petit morceau de lit qui n'est pas occupé par son corps. Pour la toute première fois, j'ose le regarder en plein dans les yeux. Je ne détourne pas le regard. Je n'ai pas peur. Je ne tremble même pas.

-Je te sortirai d'ici. Demain. Tu as ma parole. Mais je ne peux pas t'abandonner dans la nature. Pas comme ça. Tu imagines si un des gardes du palais te poursuivait ? Tu ne serais même pas en mesure de courir pour t'enfuir ! Je ne veux pas que ça arrive. Jamais.

Je me sens plus déterminée que je ne l'ai jamais été. 

-Pourquoi ? Fait-il d'une toute petite voix, dans un souffle.

-Parce que si tu meurs, qui prendra soin des innocents ? Qui les sauvera quand tu ne pourras plus le faire ?

Je ne pouvais lui dire la véritable raison. La principale raison qui motivait ma protection envers lui était ma crainte immense de le laisser partir. J'avais la trouille qu'il disparaisse pour toujours. Qu'il s'évanouisse complètement dans la nature et que je finisse par me demander si ce que nous avions partagé tenait du rêve ou bel et bien de la réalité.

Les Frontières (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant