Les Frontières (TERMINE)

Chapitre vingt-quatre

-Parle-moi des tiens. Je murmure dans l'obscurité tangible autour de nous.

-Il n'y a pas grand-chose à dire.

Du bout des doigts, je caresse sa poitrine qui s'abaisse et se soulève au rythme de sa respiration. Nous sommes allongés l'un contre l'autre sur le sol dur et froid. J'étais venue lui rapporter de quoi manger et boire et étais finalement restée plus longtemps que prévu.

-Raconte-moi quand même. Je veux tout savoir de toi. Ca inclut ton monde et les Eaux.

Ma tête repose sur son torse alors je ne peux voir l'expression de son visage pourtant je devine qu'il sourit. Il m'embrasse sur le crâne et effleure mes cheveux.

-Vous avez un chef ? Je reprends.

-Oui. Il s'appelle Orus. Il n'est pas des plus sympathiques. Je dois être la personne qu'il déteste le plus et celle qu'il désire ardemment retrouver. Pour en finir avec moi.

-Tu ne fais que défendre les gens. Ca n'est pas juste.

-Il n'a pas l'air de penser comme toi et moi.

-Ton chez toi te manque ?

-Tous les jours. Mais si je devais y retourner, alors je ne te verrais plus. Je ne pourrais plus. Ils m'enfermeraient et Dieu seul sait ce qu'ils me feraient.

Je tends mes lèvres avides vers lui. Il me rend mon baiser avec une ardeur non-feinte.

-Je tiens très fort à toi Cédric mais si être avec moi signifie renoncer à ce que tu aimes, c'est égoïste. Je ne veux pas te pousser à faire un choix. Je suis prête à te laisser partir si c'est ce dont tu as besoin. Tu es libre si c'est ce que tu souhaites.

Il fronce les sourcils et reserre son étreinte autour de moi.

-Je veux être libre, évidemment. Mais je veux l'être avec toi. Je ne veux pas te quitter. Je suis fou de toi Ly. Alors peut-être que je suis nostalgique parfois de mon ancienne vie mais je ne regretterai jamais notre rencontre et tout ce qui est arrivé depuis.

Sa déclaration me remplit d'une émotion toute nouvelle. C'est à mon tour de lui répondre :

-Je suis amoureuse de toi, moi aussi.

-Tu te rends compte qu'on est en train d'enfreindre toutes les règles ? Celles de ton royaume et du mien réunis ?

-Je sais !

Nous rions ensemble pendant ce qui me paraît de longues minutes.

-Et si c'était à refaire, je les enfreindrais une fois de plus. J'ai... J'ai rencontré des problèmes récemment.

-Comment ça ?

Son regard d'ambre me fait fondre et je ne peux me retenir de lui dire toute la vérité :

-J'ai contesté l'autorité de mon prof d'histoire. Il prétendait qu'on était que trois races... Je n'ai pas pu supporter qu'il puisse négliger toi et les tiens.

-Il ne nous connaît pas Ly.

-Certainement mais... ça m'a fait mal. Tu es la chose la plus incroyable qui me soit jamais arrivée et tout le monde s'évertue à prétendre que tu n'existes pas !

-Je comprends. Tu ne dois pas pour autant mettre ta vie en péril pour moi.

-Ce n'est pas de ma vie que l'on parle. Mes parents m'en veulent à mourir, Hannah notre chef se méfie de moi et je ne peux rien dire à mon petit frère.

-Pourquoi ?

-J'ai peur. Je préfère être la seule personne impliquée. S'il n'est au courant de rien, il ne risque rien.

-Je suis désolé de te mettre dans une situation pareille. Ton existence était sans doute bien plus simple avant que je ne débarque...

-Effectivement. Et ennuyeuse. Je suis bien avec toi, Cédric. Je ne retirerais ça pour rien au monde.

On entendit comme un craquement. Le rocher se déplaça d'environ un mètre, juste l'espace pour permettre à quelqu'un de passer. Des voix nous parvinrent ensuite :

-Vous pensez vraiment qu'elle est ici ?

-Où veux-tu qu'elle soit sinon ? Tout le monde est en train de la chercher partout.

Je reconnus sans peine le timbre de Sho et Sue. Elles entrèrent dans la pièce. Quelqu'un les suivait : c'était Mathias. Mes meilleures amies ouvrirent la bouche, sous le choc. Automatiquement, je me distançai de Cédric contre lequel j'étais appuyée une minute plus tôt. Mathias nous regarda à peine mais il sembla comprendre aussitôt. Sans dire quoi que ce soit, il écarta Sue et Sho de son passage et partit en courant. Je filai à sa poursuite.