Partie XV

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Je me suis mise une perruque blonde. J'ai mis des lentilles de contact. S'ils nous ont suivis, ils m'ont peut-être aperçue de loin. Alors il vaut mieux changer mon apparence si je souhaite m'infiltrer dans une de leur soirée. Je porte une robe échancrée noire, des talons hauts de cette même teinte. Je me suis maquillée, rouge à lèvres, mascara.

J'ai l'impression de ne pas être moi dans cette tenue, avec ce maquillage. Ça ne me ressemble en rien, mais d'un côté, tant mieux.
La pression monte lorsque l'on m'emmène dans une voiture noire aux vites teintées. Il est 20h pile. Alex arrive en courant, me rappelant des choses, presque autant stressé que moi.

- Pense aux codes auxquels on a réfléchi. Si ça devient hostile, que tu penses qu'ils t'ont repérée ou qu'il faut tout de suite agir, envoie "code rouge". Si tout se passe bien, que tu as les informations et qu'il faut venir te chercher "code vert".
- Ne t'inquiètes pas, dis-je la voix tremblante. Ça va bien se passer.

J'ai pris l'habitude d'être auprès de lui, de me sentir en sécurité à ses côtés. Mais maintenant, il va falloir que j'agisse indépendamment.
Je monte dans la voiture. Je suis seule. Le chauffeur démarre et s'engage sur la route, laissant Alex derrière nous.

Nous rentrons dans les grands quartiers, dans des endroits qui me sont inconnus.
Nous nous arrêtons devant un immeuble simple en brique. Je sors dehors, et ferme la portière. Mes talons claquent sur le sol. Lorsque je contourne le bâtiment, j'aperçois une porte en contrebas, comme dans les maisons londoniennes. Alors, c'est ici.
Je descends les quelques marches, et prend mon courage à deux mains en ouvrant la porte.

Musique d'ambiance, bar, banquettes. Fumée de cigarettes, femmes et hommes qui peuplent le lieu. Je pourrais facilement me fondre dans la masse. Je m'installe au bar, à côté de deux femmes qui discutent entre elles. Je demande un verre de cidre au barman, que je touche à peine. Je perçois la conversation d'à côté, mais elle est totalement inintéressante.

- Vous êtes nouvelle ici ?

Je manque de sursauter. Je vois un homme qui parait jeune, à la peau couleur ébène et au regard sérieux. Pourtant, il sourit doucement en attendant une réponse de ma part.
Je panique intérieurement, mais tente de rester la plus calme possible.
- Oui, c'est la première fois que je viens ici, dis-je.

Il s'assoit à ma gauche.
- C'est un endroit peu connu, comment l'avez-vous trouvé ?
- Sur recommandation d'un ami.
- Je vois.

Je respire lentement, avant de le regarder à nouveau.
- Comment est-ce que vous vous appelez ?
- Rebecca, et vous ?
- Lyam. Est-ce que l'on peut se tutoyer ?
- Bien sûr.
- Ces derniers temps, nous sommes en grand conflit avec certaines personnes. Alors, il arrive que l'on soit plus prudents et que l'on fasse attention à qui on s'adresse. Alors je vais te demander de répondre honnêtement, de quel camp es-tu ?
- Je pense que l'on ne se connaît pas suffisamment pour que j'y réponde. Je crois d'ailleurs, que je n'appartiens à aucun camp et que je suis neutre.
- Cela me va. Allons dans un endroit plus tranquille.

Il se lève et ouvre une porte. Elle mène à un escalier. Il monte les marches, et je le suis avec une peur grandissante et un mauvais pressentiment.

Nous arrivons à un couloir, et il me fait rentrer dans une pièce qui ressemble à un bureau. La fenêtre est ouverte, il fait nuit, et il fait tiède. On entend les bruits des voitures. Il me demande d'attendre ici son retour. Il sort et ferme la porte derrière moi.

J'en profite immédiatement pour chercher le moindre élément qui pourrait être utile dans cette pièce. Je me dirige vers le bureau, et tente d'ouvrir les tiroirs. Mais ils sont tous fermés à clef. Alors je ne perds pas plus de temps, et cherche dans les dossiers posés sur les étagères. Rien, que des papiers incompréhensibles, des vieux journaux. Je m'apprête à le voir débarquer à tout moment, et je me dépêche de plus en plus anxieuse.
Je tombe sur quelque chose d'étrange, un détail qui aurait pu m'échapper mais que j'ai su remarquer. Il y a comme une découpe dans le mur, derrière les livres. Je décale les ouvrages et ouvre la trappe. Dans une pochette plastique se trouve un téléphone. Je le prend, l'allume.
Je fouille les messages, les mails. Puis j'ouvre les appels. Je vois des messages vocaux laissés sur le répondeur. Je les écoute alors.

Un homme à la voix rauque dit avoir remarqué du mouvement chez l'ennemi. Une nouvelle arrivante qu'il n'arrive pas à identifier, aux cheveux roux. Ils se déplacent souvent, et sont restés dans les alentours de la grange ces derniers jours.

Il parle forcément de moi. Mon cœur bat de plus en plus vite.

Les messages s'enchaînent, dans lesquels il parle de préparer l'assaut, de détruire tout le réseau pour le dominer.

La porte s'ouvre à nouveau, et le téléphone m'échappe des mains. Je sens la mort qui approche, elle est là. Je pourrais presque la voir.
- Mes doutes se confirment.

Âmes en peine [ TERMINÉE ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant