Partie XVI

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Il fait noir. Il n'y a aucun son, aucun bruit mis à part celui de ma respiration et les battements de mon cœur qui résonnent dans ma tête. Je ne me souviens pas de ce qu'il s'est passé après que Lyam soit entré dans la pièce. Je ne sais pas où je suis, ni quelle heure ou quel jour il est. Privée de mes sens, je rentre dans un état de panique incontrôlable.
Qu'est-il donc arrivé ? Qu'est-ce qui m'attend ?
Le sol et les murs sont durs, froids.
Je hurle, mais le son arrive comme un murmure.
J'essaie de me lever pour parcourir l'endroit, mais une terrible douleur à la tête m'en empêche et je me recroqueville contre le sol.

Alors je ferme les yeux, et j'essaie de mettre un ordre dans mes pensées. De réfléchir à ce qui a pu se produire. Hélas, il m'est presque impossible de comprendre. Je ne sais faire la différence en ce que j'imagine et ce qu'il s'est vraiment passé, et chercher m'épuise.
Je m'endors sans pouvoir m'en empêcher.

Lorsque je me réveille, il fait toujours aussi sombre. Impossible de discerner la moindre chose, et c'est le silence qui m'entoure encore. Peut-être qu'il fait jour, ou bien nuit. Peut-être que cela fait plusieurs jours que je suis ici, ou seulement quelques heures. Il est impossible de savoir.
Une éternité plus tard, après avoir veillé longtemps, j'aperçois un éclat de lumière qui me brouille la vue. Une porte s'est ouverte, et une silhouette floue pose quelque chose par terre. Je me précipite de toutes mes forces vers l'individu, mais il referme la porte ; blindée ; avant que je n'ai pu l'atteindre.

Des lumières s'allument soudainement, ne laissant plus une seule ombre dans la pièce. Je regarde autours de moi. Il s'agit d'une cave. Il n'y a absolument rien sauf des toilettes. La pièce est nue, les murs blancs et le sol en béton. Il n'y a pas une seule ouverture, pas une seule fenêtre.

Je vois un plateau posé à côté de la porte. Il y a dessus une bouteille d'eau, une croûte de pain et une sorte de morceau de viande desséchée. Affamée et assoiffée, je me jette sur la nourriture ne laissant pas la moindre miette et sans faire attention au goût.
C'est ainsi que je me dis, qu'ils ne veulent pas ma mort. Du moins, pas tout de suite. Pour une raison qui m'échappe, ils veulent me préserver. C'est pour cela qu'ils prennent la peine de me nourrir. A moins qu'ils cherchent à me torturer psychologiquement, en me laissant enfermée dans cette pièce pour toujours. Mais cela m'étonnerait grandement.

Peut-être qu'ils attendent que l'on vienne me chercher, que leur adversaire se présente de lui-même ici.
Mais en cet instant, je ne pense pas que l'on vienne me chercher.

***

Je me suis mise à compter les secondes pour savoir combien de minutes passaient. Parfois je comptais à voix haute. Cela remplissait la pièce et brisait le silence, sans pouvoir combler le vide pour autant. Sinon, je chantonnais. Je m'imaginais auprès de ma famille, et de ma sœur. Je dormais. Je faisais des cauchemars. Ou je rêvais que l'on venait me sortir de là, et je me réveillais avec déception.
Je passe en cet endroit les pires moments de mon existence. Car me laisser seule face à moi-même, me fait enfin songer à tout ce que j'ai pu vivre. A tout ce que j'ai fais, à tout ce que j'ai perdu. Je revois Océane, qui ne me semble plus aussi lointaine. Je revois tout dans les moindres détails.
Ma rencontre avec Alex... Comment aurais-je pu imaginer ce jour-là, que je finirais par fréquenter un gang, puis enfermée dans une cave ?
Tout un tas d'événements se sont succédés dans ma vie. Je ne peux pas les expliquer, ni même les décrire. J'ai l'impression de les endurer.

Surtout en ce moment, je suis perdue.
Je suis encore habillée de ma robe noire, mais elle est sale. Mes talons sont cassés. Je n'ai plus ma perruque, mes cheveux sont gras, détachés et emmêlés.

Je fais le tour de la pièce, quand je commence à me lasser et à m'énerver, je me rassois. Et je réfléchis, à tout et à rien.
Le temps passe sans que rien n'arrive.
On me donne un deuxième repas, ressemblant au premier mais avec une portion plus petite puisque je ne reçois que de l'eau et du pain.

C'est alors que j'entends des cris, que des tremblements se font sentir. Quelque chose craque au dessus de ma tête, au plafond. Des coups de feu en rafale. Des pas lourds. Des choses qui se renversent.
C'est comme si des bombes éclataient au dessus de ma tête. Les bruits se rapprochent, comme si des gens se poussaient devant la porte.

Elle s'ouvre. J'aperçois plusieurs figures familières mais qui ne se marquent pas dans mon esprit. Je les reconnais, mais ne parvient pas à les allier à mes souvenirs.
On me prend la main avec force, on m'entraîne dans une course folle.

Le sang. Il est partout. Il a éclaboussé sur les murs, a laissé une mare sur le parquet. Les gens se tirent dessus, et je ne parviens pas à comprendre ce qu'il se passe. J'ai entendu des cris de rage, des pleurs, puis je me suis retrouvée dans un 4x4 blindé.
On a démarré en trombe. Je me suis endormie, sans prendre conscience des choses.

Âmes en peine [ TERMINÉE ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant