Partie XI

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Je suis partie retrouver mon père. Sa présence que je pensais m'être inutile, est finalement devenue un besoin.

La tâche m'a été facile, et j'ai retrouvé son adresse à quarante kilomètres d'ici. J'ai alors pris le bus, avant de marcher à pieds.

J'arrive enfin devant une maison de centre ville, couleur orangée. Le numéro 11. C'est bien ici ; je l'espère.

Je sonne. Je respire à plein poumons, et descends de la marche, attendant que l'on vienne m'ouvrir. Il y a du mouvement à l'intérieur. Un visage apparaît derrière la fenêtre. Quelqu'un ouvre la porte. Une femme, sûrement quarantenaire au visage bienveillant. Une délicieuse odeur se dégage de l'intérieur.

- C'est pour ? Demande-t'elle.

- Bonjour, dis-je avec politesse, est-ce bien ici que vit Elias Mora ?

- Vous le connaissez ? (Elle prend un air songeur). Il vit effectivement ici. Que lui voulez vous, il est très occupé.

- C'est mon père.

Elle paraît affligée, et elle ouvre complètement la porte, comme pour m'inviter à entrer.

- Je vois... Entrez, je vous en prie. Je vais le chercher.

Elle me laisse pénétrer dans la maison. La décoration est chaleureuse, familiale. Les couleurs passant du jaune, au rouge ou même au bleu. Tout ici contraste avec le lieu où j'ai dû passer les dernières semaines. Un adolescent veille sur des jeunes enfants jouant dans le salon, entourés de jeux de société.

La femme part au fond du couloir, et ouvre une porte avec hésitation.

J'entends les échos d'une voix, sans pouvoir discerner ce qu'elle dit.

Puis elle revient, accompagnée d'un homme dans lequel je reconnais instantanément mon père. Il a gardé son allure, ses cheveux bruns grisonnants, ses yeux autoritaires et sa barbe de trois jours. Comme avant.

Déconcerté, il me dévisage d'abord. Puis il me prend dans ses bras, chaleureusement.

- Qu'es-tu devenue depuis tout ce temps ?

- J'en sais rien à vrai dire. Il s'est passé beaucoup de choses. Et je crois que moi aussi j'ai besoin de renseignements sur toi, dis-je tout en continuant mon analyse des lieux.

Il m'emmène au salon et me propose de m'asseoir sur le canapé. Les enfants s'éclipsent un moment, et nous pouvons ainsi discuter librement.

- Je m'appelle Sandra, dit la femme tout en m'apportant un verre de limonade que j'accepte avec un sourire.

- Et moi Anelyne, enchantée.

- Très beau prénom. Et oui, ton père m'a parlé de toi.

Elle remet rapidement en ordre la pièce et range les jeux laissés par les enfants.

- J'étais justement en train de préparer de l'ensaïmada, alors si vous en voulez...

- Non merci, ça ira.

Comprenant notre besoin de discuter seuls, elle retourne à ses occupations.

- Alors, explique moi un peu, raconte moi ce que tu as vécu ces dernières années, demande mon père.

Âmes en peine [ TERMINÉE ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant