𝟣. 𝘌𝘢𝘵 𝘠𝘰𝘶𝘳 𝘠𝘰𝘶𝘯𝘨

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Dans un monde où les hommes se meurent, Edith espère que Dieu le Père se souvient de sa dette envers elle

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Dans un monde où les hommes se meurent, Edith espère que Dieu le Père se souvient de sa dette envers elle. N'ayant jamais prié pour obtenir plus que nécessaire, la jeune fille désire aujourd'hui que ses demandes soient entendues au péril de toutes celles que les autres auraient pu faire. Chacune avait un ami, un amant ou un frère qui se devaient de rejoindre l'effort de guerre. Souhaiter que ses sollicitations soient placées au-dessus des leurs était une pensée égoïste presque honteuse et pourtant, Edith ne pouvait s'empêcher d'y songer.

La levée avait frappé les villages environnants bien plus vite que les délégués d'Ecbert ne l'avaient laissé sous-entendre : les Normands avançaient vers le nord à une vitesse qu'ils n'avaient pas soupçonné. Le Wessex se pensait fort, imprenable et Edith n'y faisait pas exception. Leur Roi avait de nombreux défauts - cela, elle ne le remettait nullement en cause - mais il connaissait bien ces monstres : si quelqu'un était capable de venir à bout de Ragnar Lothbrok, ce serait lui.

Nous leur avions assuré par courriers interposés que leur hameau serait épargné. Les villageois y avaient cru durant un temps avant de se rendre à l'évidence. Les Normands prenaient tout : ils trouveraient forcément leur chemin jusqu'à eux. Miraculeusement, la guerre grondait au loin. Dans ce milieu d'hiver, le vent chassait les angoisses et les craintes. Comme une enfant insouciante, Edith se sentait bien. Malgré ceux qui mourraient non loin, la fille se sentait atrocement heureuse.

Les Normands ne l'effrayaient pas, ils constituaient seulement des mythes et des légendes qu'elle avait entendu il y a longtemps. Les païens obtiendraient le châtiment qu'ils méritent, sans qu'Aethelbert n'ait à partir. Une fois encore, la mort semblait les avoir épargnés du moins, était-ce ce qu'elle pensait être vrai.

Edith commença à les haïr un matin plus froid que les autres. En y repensant bien, la fille avait passé une vie entière à les maudire en silence. Sa colère et sa haine avaient été endormies par les années et étouffées par la fatalité. Les Normands avaient tué son père voyez-vous, ce n'est pas le genre de chose que l'on peut facilement oublier. Nous avions essayé de l'inciter au pardon : les Normands étaient des sauvages, mais ils n'en restaient pas moins des créatures de Dieu. Ils n'étaient rien de plus que des hommes qui se comportaient comme tels.

Edith avait hérité de l'intelligence de sa mère et du courage de son père. À défaut de l'avoir connu, il devait bien lui avoir fait don de quelque chose. Grandir éloignée de sa mère n'avait pas été une chose facile. Confiée aux sœurs alors qu'elle ne devait pas avoir plus d'une dizaine d'années, le manque s'était apaisé au fil des mois. Edith avait un frère qu'elle ne côtoyait presque jamais bien qu'elle ne s'en plaignait pas. La fille aimait son frère de cet amour irrationnel qui ne touche que ceux partageant le même sang : elle n'avait pas besoin de le voir pour l'aimer, savoir qu'il existait lui suffisait. Pour ce qu'il en était de son beau-père, les choses étaient un peu différentes.

𝖥𝗈𝗋𝖾𝗂𝗀𝗇𝖾𝗋'𝗌 𝖦𝗈𝖽 | 𝖵𝗂𝗄𝗂𝗇𝗀𝗌 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant