Les festivités pour Pâques ont duré toute la journée. Toute une journée à assister à des cérémonies religieuses tout en faisant mine de ne pas mourir d'un ennui si profond que j'aurais pu m'y noyer. Selon mes souvenirs, les dieux grecs n'étaient pas si exigeants en matière de cérémonie... Quoique, certaines d'entre elles pouvaient durer des jours entiers. Mais au moins étaient-elles intéressantes et ne consistaient-elles pas à rester agenouiller devant une croix des heures durant.
Heureusement pour moi et ma santé mentale – et par conséquent pour la santé de tous les autres humains présents – la soirée est vite arrivée et avec elle, le bal.
En parfaite hôtesse que je suis, j'accueille les invités, nobles et riches, entre moult courbettes et sourires hypocrites. Tête haute, je me montre chaleureuse avec tous, même avec ceux que je reconnais comme faisant partie des conspirateurs. Un juge et un maréchal. Ainsi qu'une jeune dame, que j'ai déjà surprise plusieurs fois en train de faire de la gringue à mon époux ! Leurs parfums, capiteux et nauséabonds, ont été faciles à repérer et attribuer à ceux qui flottaient ce jour-là dans la maison close.
Lorsque Claude et Philibert arrivent à leur tour, j'ai droit à de nouvelles remarques gaillardes. La suffisance du premier me vaut également quelques regards si méprisants que je brûle d'envie de les lui faire ravaler... Ou bien de lui arracher son cœur pour m'en repaître. Cependant, celui que je vois d'un nouvel œil, c'est le second. Bien qu'il se contente de rire aux plaisanteries de son acolyte, je ne le prends plus pour le benêt qu'il était. Mais il n'en reste pas moins un idiot dénué de bon sens.
Enfin, le banquet est annoncé, me délivrant de mon odieuse tâche.
Quantité de mets s'étendent sur les tables, à la lueur des chandelles. Les convives s'y pressent dans un mélange de velours, de soies et de taffetas. J'observe cet étrange ballet, curieuse. Tous portent des couleurs vives, et quantité de joyaux là où je me suis contentée d'une robe d'un gris perle brodée de fils blancs. Mes cheveux sont à moitié relâchés à moitié tenus par quantité de tresses. Et je ne porte pas le moindre bijou. Cela ne m'empêche pas d'être, je le sais, la plus belle.
Raymondin se trouve face à moi. Je lui tends ma main qu'il enferme doucement entre ses doigts pour y déposer un baisemain avant de se pencher vers mon visage. Ses lèvres frôlent les miennes avec douceur, éveillant en moi quelques étincelles. Puis il se détache. Derrière lui se trouve une jeune femme, qui semble avoir son âge. Ses cheveux roux sont maintenus en un chignon bas et simple et ses petits yeux bruns me scrutent avec une certaine admiration sous ses longs cils noirs. Mon protecteur me glisse, de sa voix chaude, sa main ne quittant pas la mienne quelques secondes.
« Melusine, je vous présente Marianne, une amie d'enfance.
Je souris à la jeune femme qui plonge dans une gracieuse révérence face à moi.
— Enchantée de faire votre connaissance, ma Dame.
— De même.
Sûrement rassuré quant au fait que je ne m'en prenne pas à cette demoiselle, Raymondin s'éclipse. Cette fête est d'un ennui ! Je n'attends qu'une chose : que ces coqueberts de comploteurs passent à l'action. Même le festin sous mes yeux ne parvient pas à me dérider. J'ai faim de sang et non pas de viandes. Me tournant vers Marianne, je décide de tromper mon ennui comme je le peux.
— Dîtes-moi Marianne, je ne vous ai guère vu jusque-là.
— J'étais en voyage, ma Dame.
— Soit.
Je l'observe encore un instant. Elle est mignonne. Ses formes généreuses et ses joues colorées en font un joli petit bout de femme.
— Me permettez-vous d'être honnête avec vous ?
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Mélusine - La légende De Lusignan (Mélusine HS.3)
Paranormal- Avertissement : Ce livre est un hors-série de Mélusine et se déroule plusieurs siècle avant l'histoire centrale. Elle relate le passé de la sirène et peut être lue indépendamment (il est cependant conseillé d'avoir lu Mélusine puisqu'il y a quelq...