Il était une fois

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Depuis qu'il était de retour - réellement de retour - et qu'il avait récupéré un corps - plus ou moins humain - Voldemort était focalisé sur un objectif unique.
Trouver Harry Potter.

L'adolescent qui s'était retrouvé face à lui dans le cimetière avait retenu son attention. C'était rare qu'un de ses ennemis ne l'intrigue comme ce gamin, alors le fait se devait d'être noté...
Queudver avait ligoté le gosse et lui avait pris son sang. N'importe qui d'autre se serait effondré sous la terreur, mais lui... il s'était débattu avec l'énergie du désespoir.
Alors que des sorciers adultes et confirmés fuyaient devant lui, Potter s'était dressé baguette brandie, prêt à le défier alors que son ami venait de mourir, qu'il était seul et blessé. Il n'avait pas un seul instant cherché à fuir ou à supplier pour sa vie.

Le mage noir avait alors commencé à le voir comme un égal, bien qu'il soit encore un enfant inexpérimenté. C'était un adversaire à ne pas prendre à la légère, et s'il lui laissait le temps de grandir, il deviendrait plus puissant que le vieux fou de Dumbledore. Plus puissant et plus dangereux également.

Lorsque le gamin avait fui le cimetière de Little Hangleton, Voldemort était resté silencieux, admiratif malgré lui. Ce satané survivant avait non seulement échappé à sa colère, mais il avait pris soin d'emmener avec lui le corps de son ami... Personne avant Harry Potter n'avait eu ce genre de courage désespéré.

Voldemort avait alors contemplé pensivement ses Mangemorts à la loyauté vacillante - après tout, pas un seul d'entre eux n'avait fait quoi que ce soit pour lui durant son exil forcé - mais il ne chercha pas à les punir. Les punitions viendraient plus tard, ils auraient le temps de hurler sous sa baguette.
De sa voix sifflante, il avait donné ses ordres.
- Potter est à moi. Que personne ne le blesse intentionnellement. Que personne n'essaie de le tuer. Amenez-le moi, vivant et en pleine santé. C'est à moi de mettre fin à cette stupide prophétie.

Suite à son retour d'entre les morts, Voldemort s'attendait à la panique du monde magique. Il s'attendait à ce que les Aurors se mettent en chasse, pour le débusquer. Il s'attendait à voir ses Mangemorts persécutés.
Rien de tout cela.

Le gosse qu'ils acclamaient comme un héros la veille encore avait été traîné dans la boue et insulté. Il était traité de menteur et de fou, et le Ministre affirmait calmement qu'il n'y avait pas de danger.
Avec ce traitement, il aurait pu ramener n'importe qui d'autre dans son camp. Il aurait pu proposer vengeance et soutien, mais il savait que Harry Potter ne baisserait pas la tête. Le gamin devait continuer à s'entêter, à dire qu'il était revenu, malgré les insultes.

Puisqu'il était de retour et que le Ministère fermait les yeux sur ses petites activités, Voldemort ordonna la libération de ses fidèles emprisonnés à Azkaban. Il était temps de reformer ses rangs, et de préparer ses actions à venir.
Entrer dans Azkaban fut d'une facilité déconcertante. Sortir ses Mangemorts ne fut qu'une formalité.

Découvrir que la Gazette accusait un homme qui n'avait jamais fait partie des ténèbres - qui l'avait même combattu jusqu'à y laisser sa liberté - le fit rire. Les sorciers pouvaient se montrer si stupides et si aveugles. Incapable de voir les évidences... Prêts à croire ce qui les arrangeait.
Sirius Black était la tête de turc idéale et le petit Potter était traîné dans la boue. Il avait le champ libre, totalement. Lorsqu'il régnerait, il prendrait soin de les remercier pour ça.


Bellatrix Lestrange était sortie d'Azkaban encore plus folle qu'autrefois. Et encore plus dévouée à sa cause.
Bien qu'il n'aimait pas son regard adorateur sur sa personne, Voldemort tolérait son unique femme Mangemort. Sa cruauté et son imagination dans les tortures n'avait pas d'égal après tout...
Cependant, il devait lui faire entrer dans la tête que Harry Potter était à lui, et à lui uniquement. Lorsqu'il avait réuni ses troupes et qu'il avait exigé que l'unique objectif soit de trouver Harry Potter lorsqu'il n'était pas à Poudlard, de le trouver et de l'amener sans le blesser, il avait vu la lueur de jalousie dans les yeux de la folle.

Face à lui, elle se prosterna, avide de la moindre miette d'attention. Elle semblait extatique que son Maître lui ait demandé un entretien privé en tête à tête.
Tournant sa baguette entre ses doigts d'un air absent, Voldemort finit par fixer la femme à ses pieds d'un air ennuyé.
- Il était une fois un bébé qui était l'objet d'une prophétie. J'ai cru qu'en m'attaquant à lui alors qu'il était vulnérable je pourrais échapper à mon destin. Cependant... Tu en connais le résultat, ma fidèle Mangemort.

Les yeux de Bellatrix brillèrent de haine et elle hocha la tête vivement, attendant la suite. Voldemort soupira, vaguement agacé.
- Ce bébé a grandi et il est devenu un adolescent. C'est lui qui m'a permis de retrouver un corps - aussi imparfait soit il - à son corps défendant. Il s'est bravement battu face à moi, et a réussi à m'échapper.

Bellatrix siffla de colère, interrompant son maître. Ce dernier grogna et lui jeta un doloris. La femme se tordit quelques instants sur le sol, la bouche ouverte sur un cri muet. Quand la torture cessa, elle reprit sa position agenouillée devant lui, repentante. Toujours pleine d'adoration.

Voldemort la fixa, ses yeux rouges brillant de colère et continua.
- Qu'importe ce que je compte faire du gamin, je le veux face à moi vivant et en bonne santé. C'est moi et moi seul qui le tuera. Il devra mourir de ma main, lorsque je le déciderai. Si jamais tu me désobéis ma chère Bellatrix, tu ne verras pas le soleil se lever le lendemain. Je te ferais regretter d'être venue au monde...

De mauvaise grâce, la Mangemort s'inclina, presque allongée au sol à ses pieds, totalement soumise. Malgré cet avertissement clair cependant, Voldemort savait qu'il aurait probablement à punir encore au moins une fois cette femme. Sa haine envers le garçon qui avait survécu était bien trop grande pour qu'elle ne tente pas quelque chose, en ignorant les ordres clairs qu'il venait de lui donner.
Un instant, le mage noir pensa la tuer immédiatement, puisqu'elle ne serait jamais capable de se modérer dans sa folie. Cependant, Bellatrix était dévouée et une combattante hors pair. Son nom seul effrayait ses opposants et elle lui serait encore utile... Alors il la fixa intensément et l'obligea à lever la tête pour la fixer dans les yeux.
- Ne me déçois pas ou tu en paieras le prix.

D'un geste vague, il congédia la femme, oubliant son existence pour se laisser aller à planifier ses prochaines actions... Il avait un monde magique à conquérir après tout.

Prompt de demain : champion

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