Seize Décembre

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Summer était installée en face de moi et m'aidait dans le tri des feuilles qui avaient déclenché notre nuit ensemble. Des chocolats chauds et des gâteux à côté de nous, nous travaillons ensemble sur l'îlot de la cuisine.

Nous n'avions pas parlé de ce qu'il s'était passé, aucun de nous deux le voulait. C'était juste une nuit à part, en dehors du temps.

- Pourquoi tu n'as pas voulu rester en rédactrice et secrétaire ? Tu faisais du bon job.

Je lui posai cette question car je ne comprenais toujours pas la raison de son départ, même après quelques années. Effectivement il y avait toujours son imbécile d'ex mais je ne considérais pas ça comme une raison de démission. 

- Parce que justement, le problème se trouve dans ta question. Je faisais deux métiers pour toi, pour un salaire qui correspondait à seulement un. Et puis je ne faisais pas le métier que je voulais le plus. Mes études de journalisme n'étaient pas pour faire journaliste, ou rédactrice. Je voulais travailler en tant que correctrice.

C'était vrai qu'elle n'était pas correctrice mais au moins le poste qu'elle occupait prenait en compte cette compétence, elle relisait les textes de la communication avant qu'ils soient envoyés.

- Ça existe les demandes d'augmentation de salaire.

Je n'avais aucun souvenir d'elle qui venait me demander une quelconque augmentation. Je n'avais pas non plus été mis au courant de quelque chose à propos du fait qu'elle soit allée aux ressources humaines ou dans le bureau d'un de mes supérieurs.

- J'étais payée tout pile le SMIC, mais j'avais besoin de vivre aussi. Et même si je ne gagne pas non plus une richesse maintenant et que je suis obligée de limiter les dépenses au moins mon travail et mes capacités sont reconnues.

Je ne comprenais pas tout ce qu'elle disait. Summer faisait des remarques, des reproches dont je ne trouvais même pas les raisons. Jamais je ne voyais 

- Elles étaient reconnues, sinon tu n'aurais même pas fait partie des employés.

- Au moins, maintenant, je suis respectée et non traitée comme un chien.

Je me lançai dans un rire sarcastique et la regardai avec un sourire ironique. Elle abusait largement. Qu'elle se trouve un peu malmenée par la dose de travail était quelque chose qui pouvait arriver à n'importe qui, toucher n'importe quel être humain. Mais de là à se trouver "traitée comme un chien" elle abusait.

- Tu étais respectée ! Ne dis pas le...

Elle me coupa la parole. Summer paraissait furieuse, plus que jamais.

- Ecoute, juste ferme la !, hurlai-je. Je travaillais jusqu'à dix heures par jour, et tu me donnais des tonnes de trucs à faire, tu me traitais comme un chien, tu me méprisais et n'hésitait pas à me rabaisser devant mes collègues. Et vu qu'ils voulaient tous te lécher les bottes, chaque autre employé me malmenait. 

J'allais répliquer lorsqu'elle m'en empêcha.

- Surtout les grosses pouffiasses qui me servaient de collègues. Elles voulaient uniquement que tu les sautes sur un bureau, toutes me détestaient ! Elles me lançaient des regards noirs, me refilaient dès qu'elles pouvaient, leur sale boulot de merde !

J'en restai bouche bée. J'essayais d'encaisser ce qu'elle venait de me confier. Summer venait de vider son sac et les larmes perlaient aux coins de ses yeux. Jamais je ne l'avais vue dans un tel état. Elle avait vraiment dû vivre un enfer.

- Je ne savais pas...

- Oui, tu ne savais pas ! Figure-toi que ça a été la pire année de ma vie.

Kiss Me Under The SnowflakesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant