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C'était le petit matin du 31 décembre, et sur le palier de la porte, ses grands parents le serraient dans leurs bras.

Depuis la soirée de Noël, Vincent était resté chez eux, dans la chambre d'ami, à pleurer toute la rage qu'il avait entassé.

« Je suis qui ? »

Une question qui n'avait pas cessé de tourner dans sa tête.

Aujourd'hui, il rentrait chez lui, son père l'attendait pour le ramener en voiture.
Il fit un dernier bisou à ses grands-parents, se promettant de les appeler plus souvent, et rejoignit la voiture de son père.
Celui-ci ne le regarda même pas, et démarra au quart de tour.

- Le garçon avec lequel tu sors, c'est celui qui était venu dormir à la maison l'autre soir ?

- Tu veux vraiment parler de ça ?

- Je suis fier de toi, vraiment. Peu d'adolescents de ton âge auraient le courage de faire leur coming-out devant toute leur famille et dans une telle situation.

Vincent tourna la tête vers sa vitre, regardant le paysage.

- On ne sort même pas ensemble de toute façon. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça.

- Ah...

- Il me déteste.

De retour chez lui, Vincent s'enferma dans sa chambre, et ralluma son téléphone, auquel il n'avait pas touché depuis le soir de Noël.
Une centaine de notifications l'envahirent, la plupart venant de Martin.

Son ami se demandait pourquoi, depuis une semaine, le châtain n'avait pas répondu à un seul de ses messages, il s'inquiétait.
Au fond, Vincent se sentait rassuré, s'il disparaissait, il était sûr que Martin s'inquiéterait pour lui.

" Je vais bien, c'est juste un peu compliqué en ce moment. Je te raconterai à la rentrée "

Il envoya le message, et fila à la douche. Les cheveux gras, et l'odeur pesante de son corps commençaient à se faire bien ressentir.

Une fois sorti, et revenu dans le salon, son père, enfin, s'il pouvait toujours l'appeler comme ça, lui fit glisser une pochette sur la table.

- C'est ton dossier.

Vincent récupéra la pochette, qu'il n'osait ouvrir. Il avait la forte impression d'avoir une boîte de Pandore entre les mains.

- Je peux aller manger dans ma chambre ?

André hocha la tête, et Vincent partit dans sa chambre, son bol de nouilles dans une main, et le dossier dans l'autre.

Il s'assit à son bureau, avala une fourchette de nouilles.
Est-ce qu'au fond ouvrir ça l'aiderait vraiment à savoir qui il est ?
Peut-être allait-il découvrir les noms de ses véritables géniteurs, et alors qu'est-ce qu'il se passerait ? Est-ce que d'un coup il se trouverait lui-même à travers eux ?
Et puis, lui n'était-il pas construit à partir de la vie qu'il menait actuellement, et pas de faux parents dont il n'avait hérité que du biologique ?
Le doigt bloqué sur l'ouverture des feuilles, finalement, c'était comme entrer dans l'eau de la mer lorsqu'elle est vraiment gelée. Faut pas réfléchir.
Alors il ouvrit la mystérieuse pochette.

De la paperasse administrative, et surtout des papiers remplis par le couple pour pouvoir l'adopter.
Il lut l'intégralité des papiers, aucune ligne ne fut épargnée, jusqu'à une feuille sur laquelle son attention se bloqua.
Sa mère biologique.
C'est à ce moment-là, dans un timing parfait, qu'il entendit Lardon gratter à sa porte.
Il ouvrit au petit chat, et l'attrapa dans ses bras, le couvrant de baisers.

Apache - ALIEXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant