24.1- All I want for Christmas is yo

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Jour J | Mercredi 24 décembre

Mes yeux fixent, sans réellement les distinguer, les volets au travers desquels filtre la lumière qui s'intensifie peu à peu alors que le soleil se lève. Une goutte d'eau s'échappe de ma paupière, trace son chemin sur ma joue avant de s'échouer sur mon oreiller. Quelques poignées de secondes, de longues minutes, voire des heures... J'ignore depuis combien de temps je suis réveillée, mais je reste simplement couchée, à mouiller mon draps de mes pleurs. Mon esprit, traître et perfide, pense à Thomas.

Il songe à mon cousin et ça me fait mal. J'ai l'impression de faire un pas en arrière, revenir quelques mois avant que je ne déménage sur Grenoble, quand je passais mes journées à le regretter et n'arrivais pas à me relever. Y suis-je même arrivée ? Je ne sais pas et je suis sûre d'une seule chose : il me manque.

Je ramène mes genoux contre ma poitrine, le menton tremblant. Pourquoi lui ? Qu'avait-il fait de mal ? L'injuste me perfore le cœur et je sanglote. J'aimerais réussir à me focaliser sur les nombreux et merveilleux souvenirs que j'ai de lui, de notre enfance à faire les quatre cents coups, mais c'est plus fort que moi. Tout ce que ça me rappelle, c'est qu'il n'est plus là. Il n'est plus là pour m'ébouriffer les cheveux comme je le déteste toujours tant ou piquer mes affaires en douce lorsque j'ai le dos tourné. Il n'est plus là pour me remonter les bretelles quand je fais les choses de travers ou me réconforter quand ça ne va pas.

Il n'est plus là du tout.

Mes doigts se referment sur le bonnet rouge qu'Elio m'a offert. A cet instant précis, c'est la seule constante de ma vie, l'unique personne qui m'aide à garder la tête hors de l'eau. Éviter la noyade. Je presse le bout de tricot contre mon visage pour étouffer une longue plainte.

Je m'en suis toujours voulue de ne me souvenir de rien. D'avoir oublié mes derniers instants à ses côtés. Comme si cela n'avait pas d'importance. Mais ai-je réellement envie de garder en mémoire l'image de mon cousin, mourant probablement à mes côtés, sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit ? Pourquoi la vie est-elle si compliquée ? Pourquoi certaines personnes décèdent-elles aussi subitement ? Thomas avait toute la vie devant lui, tant de choses à expérimenter... Il n'était pas prêt à la quitter, à dire au revoir à tous ceux qu'il aimait, ou à ne pas leur dire au revoir dans son cas. Et n'est-ce pas le plus tragique ?

Saleté de monde cruel.

La sonnette de mon appartement retentit et je pleure de plus belle. Je ne bouge pas le petit doigt, c'est hors de question. Qui qu'elle puisse être, cette personne finira bien par partir. Pourtant, ce n'est pas le cas et même mon portable commence à vibrer sur ma table de chevet. Je le saisis brutalement, bien déterminée à le faire taire une bonne fois pour toutes, mais me fige dans mon geste quand un message rejoint ma boîte presque saturée.

« Ouvre, c'est moi. »

Mon cœur s'agite, bat contre mes tempes. Les mains tremblotantes, je repose le téléphone à sa place et mon hésitation ne dure que quelques secondes puisque je me glisse doucement hors du lit pour rejoindre l'entrée. Je sèche mes joues maculées de larmes en reniflant et ouvre lentement la porte. Elio s'avance progressivement, me laissant le temps de refuser, mais j'en suis incapable. Et quand mes yeux brillants rencontrent les siens inquiets, je presse la main contre ma bouche et craque une nouvelle fois .

Un sanglot secoue mes épaules et il m'attire aussitôt contre son torse, refermant les bras autour de mon corps parcouru de spasmes. Tendrement, il plonge ses doigts dans mes cheveux et les caresse en murmurant quelques phrases réconfortantes qui me parviennent à peine. Même blottie contre lui, la douleur reste présente, toujours aussi forte, et me déchire la poitrine. Mais pourtant, petit à petit, mes sanglots se tarissent. Mes épaules se détendent légèrement et ma gorge se dénoue.

Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant