Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]

15.1- All I want for chri

J-14 | Mercredi 10 décembre

Et bien, on ne m'avait pas menti ! Dans les grandes villes, on trouve tout ce que l'on veut à n'importe quelle heure et les boutiques sont si grandes que l'on perd la notion du temps. D'ailleurs, sans m'en rendre compte, j'ai encore passé la journée dehors à visiter et à flâner dans les ruelles. Mais lorsque que ma montre indique dix-huit heures, je décide tout de même de rentrer voir Michel. Il fait un froid de canard, je rêve de me coller à mon radiateur.

Avec ma nouvelle carte de transport flambant neuve, je prends place dans le tramway. J'ai de la chance, un siège est encore disponible alors je ne m'en prive pas car j'ai les jambes en compote. Au moment où les portes du véhicule se referment, une jeune femme s'engouffre comme une bourasque et son écharpe lui cache les yeux un instant, elle chancelle, déséquilibrée, manquant de tomber. Je me détourne pour cacher un petit rire. Si si, la scène était hilarante ! Lorsque le wagon se met en branle, je laisse reposer ma tête contre la vitre, et regarde le paysage défiler. Ce moment de calme est de courte durée quand, à l'arrêt suivant, une dame s'assoit en face de moi et secoue doucement une poussette pour calmer les incessants cris de son bébé. Enfin, je suppose que c'est un bébé, même si les hurlements qu'il pousse pourraient laisser penser qu'on est dans un chenil.

Au bout de quelques minutes de véritable « poker face », mon attention se porte sur la voix robotique du tram qui clame « Prochain arrêt Alsace-Lorraine ». Ah, tiens c'est joli comme nom ça. Alsace-Lorraine, Alsace-Lorraine, attends mais, zut ! Je me lève d'un bond, ravie de quitter cette pouponnière roulante et saute hors de la rame dans le froid glaçant en me rendant compte que j'ai raté mon arrêt. Sur le trottoir, je tourne sur moi même pour repérer l'autre ligne. Les mains enfoncées dans les poches et le nez enfoui sous mon écharpe, je crois entendre une voix familière. Je secoue la tête. C'est idiot, je ne connais presque personne ici. Tout mon corps frissonne lorsqu'une main se pose sur mon épaule, je me retourne en un quart de seconde pour découvrir son visage rougi par la météo polaire.

- Elio ? Mais... Mais qu'est ce que tu fais ici ? interrogé-je pendant que mes joues deviennent rouge pivoine.
- Et bien je rentre chez moi, j'avais cours tard ce soir. Et toi alors ?
- Je me balade tranquilou. C'était bien tes cours ?
- Mmmh... grommelle-t-il en haussant une épaule. Tu as l'air toute droite sortie de la mer de glace et ici il n'y a rien à voir. Avoue, tu t'es perdue ?
- Peut-être que je suis allée un peu plus loin que prévu, avoué-je à demi-mots.

Il se met à rire doucement.

- Allez viens par là, je meurs de faim et je parie que toi aussi. On passe à Mcdo et cette fois, c'est toi qui viens chez moi.

Il se met à marcher sans attendre ma réponse alors je lui emboîte le pas, aussi rapidement que me l'autorisent mes jambes cotonneuses. On parle de tout et de rien. Surtout de rien même. Lui des cours, moi de combien je suis heureuse de pouvoir acheter une baguette de pain à quinze heures. La discussion allait vers « pourquoi Michel s'appelle Michel » quand l'odeur du fast-food nous coupe dans nos réflexions. Mon ventre, très au courant de ce qu'il se passe, résonne bruyamment arrachant au passage un sourire à Elio. Nous passons commande avec les bornes automatiques. Une invention vraiment géniale si on ne veut pas avoir de contact humain ! Cela fait bien longtemps que je n'ai pas mangé de hamburger et je dois bien avouer que les frites me manquent. Prête à insérer ma carte dans la machine, je me souviens de la raison pour laquelle je ne mange pas souvent dans ce genre d'endroit : le prix.

Elio me rejoint, tout sourire avec son énorme sac à la main, et lorsque je récupère le mien qui est deux fois plus petit, nous sortons à la hâte. Le froid me saisit brusquement et tout mon corps grelotte subitement. Après une centaine de mètres seulement, il m'indique un immeuble.