Epilogue

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- ELIO -

J+156

Le volant glisse doucement entre mes mains alors que je finis de garer ma voiture. Le crissement des pneus sur les graviers s'estompent, jusqu'à s'éteindre à mon plus grand plaisir. Je tourne le regard sur la passagère à mes côtés, dont la jambe tressaute nerveusement sur le siège. Je pose ma paume sur sa cuisse et la presse doucement, faisant sursauter Jaëlle. L'inquiétude brille dans ses iris couleur chocolat et je tente de la rassurer comme je peux.

— Ça va bien se passer, il n'y a pas de raison pour que ce ne soit pas le cas.

— Tu sembles oublier que ma mère reste... ma mère, raille-t-elle.

Son attention se porte sur la maison qui nous fait face mais je ne dévie pas la mienne de son profil. Elle s'est apprêtée pour l'occasion : robe noire cintrée accompagnée de ses éternelles Converses. Elle a même coiffé ses longs cheveux sombres en une queue de cheval haute, à l'aide d'un élastique rouge soyeux. Ses doigts tripotent le collier de son cousin, geste qui témoigne de son agitation interne. Au fil du temps, j'ai appris à reconnaître chacune de ses mimiques, si bien que j'ai à présent l'impression de la connaître depuis des années.

Juste après Noël, elle s'est rendue compte qu'elle n'avait pas envie de freiner ce qui se passait entre nous, ni le début des sentiments que nous ressentions l'un pour l'autre. Alors, on a tenté pour voir où ça nous mènerait puis, au fil du temps, notre relation s'est concrétisée. Aujourd'hui, je crois bien que je suis follement amoureux de cette jeune femme exceptionnelle. Je ne crois pas, je le sais. Même si elle a encore du mal avec les trois petits mots magiques, je ne me lasse pas de les lui dire.

Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie que depuis qu'elle en fait partie et je me fiche que cela soit niais. J'aime à penser que c'est son cas. Le fait qu'elle ait accepté de revoir sa mère après un silence de cinq mois si - et seulement si - je l'accompagnais, en dit beaucoup mais elle reste encore assez pudique sur ses sentiments, même avec moi. Je ne lui en veux pas, je sais que c'est sa manière de se protéger et d'être forte, alors je reste patient. Un jour, elle sera prête et je serai là pour la rassurer et lui prouver qu'avoir des sentiments n'est pas une faiblesse.

Jaëlle soupire, me tirant de mes pensées. Mon pouce caresse doucement la peau que sa jupe dévoile et je la sens frissonner.

— Vous ne vous êtes pas vues depuis des mois et à peine parlées. Elle sera forcément contente que tu sois venue, tu ne crois pas ?

Elle hausse vaguement les épaules, peu convaincue, alors j'ajoute sur le ton de la plaisanterie mais n'en pensant pas moins :

— Et puis si ça se passe mal on aura qu'à s'enfuir en courant.

— Merci, pouffe-t-elle. T'es un ange.

Le regard empli de reconnaissance, Jaëlle passe une main dans le désordre habituel de ma tignasse et je grogne. Avec un sourire amusé, elle rigole.

— Tu n'as toujours pas retrouvé ta brosse ?

— Hé, protesté-je en me soustrayant à sa prise. Je suis sûr que c'est toi qui l'a cachée ! Et puis, je croyais que j'étais un ange ?

Elle fait mine de réfléchir.

— Certes, mais un ange mal coiffé, alors.

Je fais la tête pendant qu'elle continue de me taquiner. Elle embrasse le coin de mes lèvres pour se faire pardonner et j'ai beau résister, elles finissent par s'étirer jusqu'à mes oreilles. Je n'arrive jamais à lui faire la tête plus de quelques secondes. Et elle le sait très bien. Ses prunelles scintillent tandis qu'elle me dévisage et je lorgne sur sa bouche un court instant, avant d'y déposer la mienne avec douceur. Elle répond à mon baiser mais notre étreinte ne dure pas longtemps.

Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant