6- All I wa

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J-34 | Jeudi 20 novembre 


Je veux ce job, j'en ai besoin. Mais il m'épuise. Une fois de plus, j'ai passé la journée au café, pour ma semaine d'essai. Les clients sont peu nombreux mais j'ai l'impression d'avoir couru un marathon en l'espace de quelques heures. apeine rentrée, je m'affale dans mon canapé et lance ma télévision. Le film d'animation, dont j'avais regardé une pauvre demie-heure hier avant de m'endormir, est toujours inséré dans le lecteur DVD. Au bout de quelques minutes, je retrouve l'endroit à partir duquel le sommeil a eu raison de moi et mets le film sur pause. Comme ça, tout est prêt. Chihiro, apeurée, se fige à l'écran, tandis que je me dirige vers ma chambre pour saisir mon éternelle grenouillère koala, dans laquelle je disparais.

Je me rends ensuite dans ma salle de bain où j'applique sur mon visage aux traits tirés une mixture d'aloe vera dont la fraîcheur m'apaise immédiatement. Je retourne me lover entre la dizaine de coussins de mon canapé, et poursuis le visionnage du magnifique film qu'est ce Ghibli . Les images qui ont bercé mon enfance ne tardent pas à me happer. Je me perds dans ces paysages de rêve, ces couleurs chatoyantes et décors uniques.

Plongée dans ce chef-d'œuvre comme jamais, je grogne quand quelqu'un vient frapper avec insistance à ma porte. Après quelques secondes durant lesquelles le déni me tente, je me traine jusqu'à l'entrée. Lorsque j'ouvre le battant, je me retrouve face à une Marine essoufflée et paniquée, qui met une poignée de secondes avant que le moindre mot ne parvienne à franchir la barrière de ses lèvres. Quand elle parvient à respirer de nouveau, elle débite à toute vitesse :

— Jaëlle ! Qu'est-ce que je suis soulagée de te voir ! Je t'en supplie, dis-moi que t'as rien de prévu ce soir !

Je me retourne pour contempler avec envie mon canapé et mon film qui m'attendent, avant de bredouiller :

— Euh.... non. A priori non, pourquoi ?

— Je suis vraiment embêtée de te demander ça, comme ça à la dernière minute, mais il nous faut quelqu'un pour garder Conan.

— Elio ne travaille plus pour vous ? je demande, réellement surprise.

— Impossible de le joindre, sinon tu penses bien qu'il serait là. Alors, tu peux nous faire ça ? Si l'argent est le problème, tu seras bien évidemment payée comme Elio l'aurait été.

— Non je... c'est pas ça ! Est-ce que vous avez juste deux minutes pour que je me change ? demandé-je en rougissant jusqu'aux oreilles en réalisant que je suis une fois de plus en pyjama face à elle.

Elle acquiesce avec empressement et je comprends que ma grenouillère koala n'est pas mon plus gros problème. Son temps de réaction lorsque je lui ai ouvert la porte prend enfin sens. Le masque. Ma tête de zombie. Sapristi. Comment prolonger la bonne impression que vous donnez à vos voisins ? Demandez à Jaëlle Fang !

— Je suis vraiment désolée de te presser mais il faut absolument qu'on y aille. Si c'était pas un dîner important, je l'aurais amené avec nous, mais ce n'est pas possible.

— Bien sûr, aucun problème.

— Est-ce que je peux te passer les clés et te laisser descendre dès que t'es prête ?

J'arrive moins de dix minutes plus tard, huit d'après mon téléphone, devant le battant de bois du troisième étage. Il me faut quelques secondes d'hésitation avant de pénétrer dans le domaine du petit diablotin, puis une poignée d'autres à batailler avec la serrure. Lorsque je m'introduis dans l'appartement, habillée d'un chemisier trouvé par terre dans ma chambre et d'un bas à grosses étoiles multicolores, le silence me frappe. Il est dix-huit heures trente, ce gamin a huit ans. Sauf erreur de ma part, le calme ne fait pas partie des habitudes enfantines, surtout à cet âge là, et je ne crois pas qu'il soit endormi. Mon rythme cardiaque monte en flèche quand je réalise que l'absence de bruits ressemble étrangement à celle qui précède une bêtise de Michel. Qu'est-ce que ce gamin a encore bien pu faire...

Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant