J-24 | Lundi 1er décembre
— Arghhh !
Je coupe l'eau devenue froide sans prévenir, en hurlant à la mort et injuriant tout le quartier. Rip les voisins. Je me précipite hors de la douche et m'enroule dans mon peignoir alors que mes dents s'entrechoquent, puis me rue sur le chauffage. Un soupir de contentement m'échappe quand sa chaleur me revigore, accompagné d'un grognement étrange, créant un son pour le moins particulier. Comment ça, il n'y a plus d'eau chaude ? Pour une fois que je me lavais assez rapidement ! Stupide karma.
Je reste collée au radiateur de la salle de bain de longues minutes et la sonnerie de l'appartement me fait sursauter. Je m'essuie rapidement les pieds, enfile le premier vêtement qui me tombe sous la main et rejoins l'entrée avant de décrocher l'interphone.
— Oui ?
Le silence me répond et je me tape le front avec le combiné quand je réalise qu'on frappe directement à ma porte. Aïe, stupide Jaëlle. Je vais pour l'ouvrir mais me stoppe dans mon geste en grommelant.
— Si c'est encore ces mômes avec leurs dessins de Noël ridicules, j'en fais des guirlandes et je les pends avec !
Avec élan, je tire brusquement sur la poignée, manquant de me prendre le battant en pleine figure. Mon équilibre se fait bancal et je me rattrape comme je peux. Bon dieu, j'ai failli arracher cette porte. De nouveau stabilisée, je m'arme d'un regard menaçant, prête à démanteler le gang téméraire que forment les enfants de l'immeuble... avant de me liquéfier sur place.
Oh bah zut.
Je tente de sourire naturellement aux deux hommes tandis que mes yeux clignent vivement en fixant la bande rouge de leurs uniformes qui affiche SAPEURS-POMPIERS, brusqués tant par sa couleur que son inscription.
— Euh, bonjour ?
— Bonjour Madame, navré de vous déranger, me salue poliment l'un des deux quand l'autre réprime un sourire.
— Vous ne me dérangez pas du tout ! je réponds comme une cruche d'une voix suraiguë.
Il jauge ma tenue en pinçant les lèvres, les yeux rieurs, puis reprend son sérieux en hochant la tête. Le second feint une quinte de toux. C'est ça, étouffe-toi.
— Nous venions vous proposer nos calendriers pour l'année prochaine.
Joignant le geste à la parole, il me tend l'objet que je saisis par réflexe. Le pompier me fixe, comme s'il attendait quelque chose de moi. Euh, oui ?
— Le principe, m'explique-t-il patiemment, c'est qu'il n'y a pas de prix fixe, vous nous donnez ce que voulez.
— Oh !
Je me précipite à l'intérieur de mon appartement et reviens rapidement vers eux. Ses yeux fixent, incrédules, les deux paquets d'oréos que je lui tends. Le second pompier pouffe doucement et les récupère à la place de son collègue qui reste stupéfait. Ils me remercient puis me laissent plantée dans l'embrasure de la porte que je referme, les sourcils froncés. Pourquoi il s'est foutu de ma gueule ?
Peu attentive, je me prends les pieds dans mes chaussures qui traînent dans l'entrée et me fige en baissant les yeux. Oh non, pas ça. Un couinement m'échappe quand je réalise que le vêtement que j'ai enfilé rapidement n'est autre que ma grenouillère koala. Dépitée, je lance le calendrier à travers la pièce en me laissant tomber sur le canapé, sans me préoccuper de l'endroit où il va atterrir. Enfin... jusqu'au moment où un boucan me fait sursauter et rebondir sur le siège. Je grimace quand mes fesses rencontrent le sol mais me relève aussitôt. Au pied d'une étagère, l'objet que j'ai envoyé valser a fait dégringoler le cadeau d'Elio dont les lutins me narguent depuis le carrelage chauffé.
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Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]
RomanceChute après chute, Jaëlle emménage à Grenoble pour son master de psychologie clinique. N'ayant pas pu valider son dernier semestre, elle espère pouvoir se rattraper et retrouver un équilibre dans sa vie de jeune femme. Sa maladresse l'amènera à fair...