Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]

23- All I want for christmas is y

J-1 | 23 décembre

Le téléphone coincé entre l'oreille et l'épaule, je sautille en enfilant mes bottines pendant que retentissent les interminables sonneries à l'autre bout du fil. Je râle envers mon équilibre qui est loin d'être parfait et je suis étonnée de ne pas être encore tombée avec mes prouesses.

— Allez, décroche, décroche... supplié-je dans un couinement de désespoir.

J'attrape mon manteau et tente de l'enfiler. Après quelques secondes de galère, je sursaute et manque d'en faire tomber mon portable quand la voix d'Elio résonne.

— Dieu merci ! soupiré-je de soulagement.

— C'est moi, ricane-t-il le timbre rauque.

Un petit gloussement m'échappe. J'ignore les battements de mon cœur qui s'accélèrent alors même que je ralentis mes mouvements.

— J'ai absolument besoin de ton aide, il faut que tu me rejoignes à la Caserne de Bonne au plus vite. J'avais complètement oublié, enfin j'avais pas fait gaffe que demain c'était Noël et que jeudi on le fête avec Abby. Du coup je n'ai aucun cadeau. Bon sang quel boulet ! débité-je avant de m'arrêter. Attends, je te réveille ?

— Mmh, mmh...

Je m'arrête dans ma tirade et me dresse face à la porte.

— Mais on est mardi !

— Et je suis en vacances depuis ce week-end, soupire-t-il.

— Ah.

Oups, j'avais oublié ce détail aussi. Je l'entends bouger à l'autre bout du fil, puis il m'annonce qu'il me rejoint devant Monoprix d'ici une demie heure et me raccroche au nez, avant que je n'aie pu ajouter quoi que ce soit. Je regarde mon téléphone, perplexe. Il vient vraiment de me raccrocher au nez ? Qu'est-ce qui lui prend, tout d'un coup ? Les derniers évènements me reviennent à l'esprit et je me souviens du baiser que nous avons échangé la veille. Bon, d'accord, je mens : j'y ai pensé toute la nuit et j'ai à peine fermé l'œil. En plus de ça, Elio m'a envoyé plusieurs messages au cours de la soirée pour avoir mon avis sur ce qu'il s'est passé. Messages que j'ai soigneusement ignorés puisque je n'ai AUCUNE idée sur la question. Quoi qu'il en soit, la gêne entre nous est parfaitement justifiée, et je m'en veux d'avoir fait comme si de rien n'était au téléphone.

Mais je viens quand même de le réveiller pour qu'il m'accompagne faire mes courses de Noël ! J'ai toujours le chic pour me mettre dans les pires situations, pas vrai ?

Je me détends un peu en constatant qu'Elio a quand même accepté ma proposition, malgré la situation gênante. D'accord, donc dans une demi-heure, je suis censée retrouver un gars que j'ai embrassé hier alors que je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il y a entre nous. Super et qu'est-ce qu'on est censé faire dans cette situation ? Si seulement quelqu'un pouvait m'aider... Un petit ange gardien, une bonne étoile, je sais pas, moi ! Quelque chose qui m'aide à rendre l'affaire moins embarrassante !

Je m'assois sur le canapé et soupire, perdue. J'aurais bien aimé en parler à Abby, mais la connaissant, elle voudra toutes les explications du bisou dans les moindres détails et je n'ai ni le temps ni la tête à ça. Bien, alors je me débrouillerai seule, comme je sais si bien le faire...

Noyée dans mes pensées les plus profondes, je prends le chemin de la caserne de Bonne, la boule au ventre. J'essaye de faire le tri dans celles-ci pour les évacuer le plus rapidement possible et penser à autre chose. Aujourd'hui, me confronter à Elio devient la plus grosse épreuve que j'ai à affronter. Et c'est loin d'être une partie de plaisir. Après quelques minutes de marche rapide, j'arrive sur la place devant la galerie. Elio, qui arrive au même moment, s'avance vers moi, les cheveux décoiffés et me salue. Je n'arrive pas à savoir si c'est l'ambiance entre nous qui est froide ou si c'est la température extérieure qui n'aide pas. Mes lèvres forment un sourire, qu'il me rend, gêné. Nous franchissons les portes, en apercevant les décorations du hall. Je me précipite vers la boutique où Abby m'avait embarquée la dernière fois, entraînant le jeune homme dans mon élan.