7- All I wan

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J-33 | Vendredi 21 novembre


Mais c'est qu'il est insupportable celui-là.

Depuis notre moment complice de la veille, Elio en profite pour me bassiner avec cette période que je déteste. Entre les vidéos de lutins qui dansent, les extraits de dessins animés, les noms de films de Noël à regarder, les images plus ridicules les unes que les autres... Le tout sur cet univers qui m'échappe. J'en viens presque à regretter de lui avoir donné mon numéro après son intervention sur mon rideau, une semaine plus tôt.

Mes réponses consistent simplement à râler : il ne peut pas user de son énergie pour autre chose ? Je sais pas, inventer un vaccin révolutionnaire, construire un immeuble, ou encore trouver un moyen pour rendre mon lapin moins casse-pied. Ou peut-être faire en sorte de rendre Conan angélique ? Plutôt bonne idée de projet, ça.

Mon téléphone vibre et je me précipite sur celui-ci. Je souris malgré moi : je sais pertinemment qu'il ne lâchera pas l'affaire et son message en dit long sur ses intentions.

« Tu deviendras accro,
je te le promets. E. »

« C'est bien beau d'avoir de l'espoir.
Accroche-toi à un autre rêve, car celui-là
n'est pas à ta portée, crois-moi. »

Fière de ma réponse, un sourire vient illuminer mon visage. Peut-être que cette insistance aurait dû m'énerver : mais ce n'est pas le cas. A vrai dire, je ne peux pas m'empêcher d'être heureuse dès que j'aperçois son prénom dans mes notifications. Enfin, ce n'est pas "Elio" qui apparaît à chaque fois, mais "Père Noël Vert". Après m'avoir envoyé des tonnes et des tonnes de messages à propos de Noël, nous sommes arrivés à une discussion - presque normale - sur ce fameux monsieur qui distribue les cadeaux la nuit du vingt-quatre décembre. Et il n'a pas voulu accepter le fait que le Père Noël n'a pas toujours été un gros bonhomme rouge. Durant une longue conversation, il était hors de question pour lui d'accepter le passif de couleur de ce personnage fictif. Le jour où il a appris cette vérité plus jeune, son cœur d'enfant s'est brisé en mille morceaux. Il nous fait presque un déni sur la question. Alors, pour l'embêter, j'ai décidé de le surnommer ainsi, sachant pertinemment qu'il n'allait pas aimer. Lui et sa passion du rouge, tout me dépasse dans ce qu'il aime. Au moins, je suis certaine de ne jamais m'ennuyer avec lui, même si parfois j'aimerais car il peut être fatigant à force.

En parallèle, j'échange rapidement avec Abby. Nous discutons souvent par message et le fait d'avoir une amie pas loin me rassure énormément. Si un jour je brûle mon appartement par maladresse, je n'ai qu'à me précipiter au café pour demander de l'aide. Ou serait-il peut-être plus judicieux d'appeler les pompiers d'abord ? En tout cas, pouvoir parler à une fille de tout et de rien m'apaise bien plus que je ne pourrais le croire.

Depuis quelque temps, je suis sur un petit nuage et je sais que mon emménagement n'y est pas pour rien. L'impression d'être plus légère me rend heureuse, comme si tout mon passé était derrière moi et que je n'avais plus qu'à foncer vers l'avenir. Le brouillard se désépaissit, j'aperçois enfin de la lumière et je suis déterminée à obtenir ce foutu Master de psychologie pour enfin faire le métier de mes rêves. Alors que je sautille partout dans l'appartement, Michel se réveille, me juge du regard, avant de se blottir de nouveau dans sa cage, complètement épuisé. Tu n'avais qu'à pas courir comme un fou ce matin, petit malin.

Un nouveau message arrive et je l'ouvre en même temps que je me sers un verre d'eau. Mon sang se glace lorsque je vois que le fameux expéditeur n'est autre que ma mère.

« C'est ingrat de ne pas donner de
nouvelles à sa mère, jeune fille. »

Qu'est-ce qui t'empêche de me donner des tiennes d'abord ?

Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant