Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]

16- All I want for chris

J-13 | Jeudi 11 décembre

Mes talons frappent le sol avec un peu plus de violence que prévu et j'allonge mon pas. Oui, j'ai encore failli louper mon arrêt de tram. Je crois que c'est une malédiction... Emportée par une foule de personnes qui, elles, savent très bien où elles vont, je me retrouve au beau milieu d'une grande place. Tout autour de moi, des arbres, des étudiants qui rient, d'autres qui filent en cours un café fumant à la main. On se croirait dans une série américaine, pourtant je suis bien là, sur mon nouveau campus.

J'inspire une grande goulée d'air glacial, prends mon courage à deux mains, puis entreprends de retrouver Elio dans ce grand labyrinthe. Bon, bon, bon... Je tapote sur mon téléphone à la recherche du message qui indiquait l'endroit où il m'attend : la table verte. Je lâche un petit rire, surprise. Il est devenu Vegan ? Après quelques minutes de marche les yeux rivés sur mon écran pour ne pas m'égarer, j'aperçois sa tignasse brune. Il est de dos, ce qui me donne aussitôt une idée. Et si j'en profitais pour lui faire peur ? J'approche sur la pointe des pieds, me fraie subtilement un chemin entre les tables et pose mes mains sur ses yeux en criant :

— Devine qui est venue toute seule sans se perdre !

— Euh... Félicitation mademoiselle, pourriez vous retirer vos mains de mon visage s'il vous plaît ?

— Oh t'es pas drôle, commencé-je en esquissant une moue, déçue. J'étais super fière de moi !

Je m'écarte alors et quelqu'un me prend par le bras, m'entrainant loin de la table. Lorsque je me retourne, je découvre Elio totalement hilare. Mon cerveau bloque un instant et je balbutie les quelques syllabes qui parviennent à s'échapper de mes lèvres tremblantes de honte. Dites-moi pas que c'est pas vrai...

— Je... tu... enfin... il...

— Tu comptes me faire toute la liste des pronoms avant de m'expliquer ce que tu fabriquais avec ce mec là bas ? m'interroge Elio, riant presque jusqu'aux larmes.

— Arrête ! J'ai juste envie de disparaître maintenant... Ma première journée sur le campus et je tripote un inconnu !

Je cache mon visage cramoisi aux creux de mes mains, mais même le vent glacial ne parvient pas à éteindre le feu qui brûle mes joues. Le jeune homme me donne une tape amicale sur l'épaule.

— Allez viens, il n'y a pas mort d'homme. Et puis, tu vas finir par être en retard pour déposer tes dossiers.

Son sourire apaisant me réconforte rapidement et je fais de mon mieux pour ignorer la lueur amusée qu'arbore son visage. Je me redresse fièrement et vérifie sur ma pochette le bâtiment dans lequel je dois me rendre. D'un pas assuré, je prends un petit chemin qui contourne une bibliothèque. C'est vraiment beau et puis au moins ce n'est pas décoré ici. Il me faut quelques instants pour me rendre compte qu'Elio ne me suit pas.

— Tu boudes ? le taquiné-je.

— Non mais je me demande où tu comptes aller par là. Le bâtiment BSHM c'est de l'autre côté.

Il semble encore sur le point de se moquer mais cette fois-ci, je ne me démonte pas et campe sur mes positions. Je suis venue préparée. J'ai même imprimé un plan en couleur de tout le campus et j'ai bien évidemment entouré en rouge le bon endroit. Je lui tends alors ma jolie carte toute colorée avec fierté à laquelle il jette une œillade amusée avant de pouffer de rire, une fois de plus. Il a même réussi à effrayer un pigeon, qui s'envole aussitôt. Il m'intime d'approcher puis prend mes deux mains et y glisse la feuille.

— Un plan c'est une super idée, mais dans le bon sens, c'est encore mieux ! sourit-il en me frottant les cheveux.

Je grommelle puis nous repartons vers le lieu de rendez-vous. Sur le chemin, Elio m'explique quelques histoires concernant le campus, me montre quelques raccourcis pour que je n'arrive pas la dernière en cours et quelques bancs qui, je cite, « sont des œuvres d'art ». Je bois littéralement ses paroles et, lorsque je me reconcentre sur le trajet, nous sommes devant un immense mur gris. Pas très chaleureux. Je jette un regard inquiet à mon guide mais il me fait signe d'entrer, chose que je regrette presque immédiatement. Des guirlandes, des couronnes à chaque porte et un énorme sapin nous accueillent dans une lumière aveuglante. Trop chaleureux, tout compte fait.