J-37 | Lundi 17 novembre
Un verre se brise. Puis un deuxième. Le plateau m'échappe des mains et des assiettes explosent. Tous les visages se tournent vers moi, pleins de regards noirs. La panique s'empare de moi. Ma respiration s'accélère et les larmes me montent aux yeux. Je suis si nulle... Je n'y arriverai jamais. Des rires moqueurs s'élèvent et un homme s'approche de moi. Ses yeux rouges de colère se posent sur moi.- Tu es virée, Jaëlle !
Je me réveille en sursaut, en travers de mon lit. Mon pyjama me colle à la peau à cause de la sueur. Je me passe les mains sur le visage et me masse les tempes, prenant de grandes respirations saccadées. C'est mon troisième cauchemar de la nuit. Mon premier jour d'essai au café m'angoisse terriblement. Et si je n'étais pas capable de faire deux pas sans me casser la figure et tout faire tomber ? Et si je me faisais renvoyer dès la première heure ? Et si...
Je prends une grande inspiration. Du calme, Jaëlle ! Il n'y a pas de raison que tu n'y arrives pas. Après tout, cela fait plus de trois jours que je n'ai rien fait tomber. Peut-être que Grenoble commence à me rendre plus habile ! Je jette un petit coup d'œil à mon portable, qui m'indique sept heures trente.
... sept heures trente ?! Oh mon Dieu, je ne suis pas censée commencer à huit heures ?! Mes cauchemars m'ont tellement épuisée que je n'ai pas entendu mes trois réveils. Je bondis hors de mon lit, faisant sursauter Michel qui dormait non loin.
Je fouille pendant dix minutes dans ma penderie, à la recherche de la tenue idéale pour mon premier jour d'essai au café, sans trop de succès. Je soupire, en sortant un énième pull, puis le range à nouveau. Je jette un rapide coup d'œil à ma montre et un petit cri de surprise franchit mes lèvres quand je me rends compte que je suis de plus en plus en retard. Plus qu'un quart d'heure !
J'attrape alors le premier pantalon qui me tombe sous la main, et l'enfile, pendant que je sautille jusqu'à la cuisine pour prendre mon petit déjeuner, esquivant de justesse mon pauvre Michel. Une tasse à la main, mon jean dans l'autre et une tartine dans la bouche, je me prends les pieds dans le vêtement et glisse lamentablement sur le parquet, avant de m'étaler par terre. Ma tartine beurrée s'écrase sur mon visage et la tasse pleine de thé brûlant explose en mille morceaux. Quelle boulette... Je me disais bien que je ne pouvais pas passer une semaine sans casser quelque chose. Même un jour aussi important, j'arrive à faire des bêtises !
Je peste contre ce bazar, mais mon retard est tel que je ne prends même pas le temps de le nettoyer. Je me tourne vers Michel et le pointe d'un doigt menaçant.
- Toi, tu ne t'approches pas de ça !
Les débris poussés dans un coin, je fonce dans la salle de bain, me rince la figure et enfile un sweat au hasard, avant de prendre la route du café.
Abby sourit en me voyant arriver en courant, rouge et essoufflée.
- Tu commences bien ! me lance-t-elle quand j'entre dans le commerce.
Trop fatiguée pour répondre, je lui lance un regard désespéré et la suit dans les cuisines. Après de brèves présentations, le patron me tend une pile de vêtements, composée d'un polo, d'un pantalon et d'un tablier rouge bordeaux. Parfait...
- Tous les serveurs portent le même uniforme, chez nous. Vous pouvez vous changer dans les vestiaires qui se trouvent juste là, m'informe-t-il en désignant une petite porte au fond de la pièce.
C'était bien la peine que je me casse la tête pour une tenue... Je me change rapidement et rejoins mes futurs collègues. Parmi eux, je reconnais Carmélite, la fameuse femme de ménage grincheuse et désagréable. Alors que tout le monde me souhaite la bienvenue, je tente de lui lancer un petit sourire sympathique mais elle m'ignore royalement. Ok... Ça va être génial de bosser avec elle... Philibert, le gérant du café, m'explique patiemment tous les devoirs d'une bonne serveuse : être avenante, souriante, et toujours polie. Pas facile quand la moitié des clients vous parle comme à une bonniche...
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Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]
RomanceChute après chute, Jaëlle emménage à Grenoble pour son master de psychologie clinique. N'ayant pas pu valider son dernier semestre, elle espère pouvoir se rattraper et retrouver un équilibre dans sa vie de jeune femme. Sa maladresse l'amènera à fair...