Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux...

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Poirot était assis dans le fauteuil du fumoir, les bras posés sur les accoudoirs, la tête redressée, les yeux fermés.

Poirot était assis dans le fauteuil du fumoir, les bras posés sur les accoudoirs, la tête redressée, les yeux fermés

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Hastings savait qu'il ne fallait pas déranger le détective lorsqu'il était en pleine méditation.

Et Poirot avait de quoi méditer. Il avait énuméré les nombreuses interrogations qui subsistaient. Où était le corps de Joey Walsh, comment sa femme avait-elle pu se pendre dans une cellule, qui avait tiré dans la clairière et à Rielvaux, qui avait adressé les lettres à Amelia et qui les avait subtilisées ?... Et au final était-ce bien Joey qui avait tué la vieille Persicott et la petite Anny ?... Et qui avait tué madame Pritchard quelques années plus tôt ?...

Oui décidément, Poirot avait de quoi méditer...

A plusieurs reprises, James avait tenté d'entrer dans le fumoir pour proposer une tasse de thé ou de café, voire un alcool aux deux associés. Mais à chaque fois, Hastings, tel un cerbère, l'avait congédié sur le pas de la porte. Nul ne dérangerait Poirot et ses cellules grises en plein exercice.

Cet exercice était plus que compliqué car Poirot était tiraillé. Il était attaché à Amelia... bien plus qu'il ne le pensait. "Attaché", c'était le terme qu'il se répétait. Un doux euphémisme pour masquer ce qu'il ressentait réellement.

Il avait rarement laissé les émotions le submerger. Il y avait eu cette jolie et jeune bibliothécaire qu'Achille lui avait présentée à Bruxelles... C'était si loin déjà...

Et puis il y avait eu la comtesse. Il avait nourri à son endroit une telle fascination. Poirot s'était tant consacré à son travail de responsable de la sûreté civile que sa vie privée était passée en second plan... puis il y avait eu la guerre.

Et Poirot avait pris l'habitude de tout décider, de tout maîtriser, de tout analyser... Une psychorigidité difficilement compatible avec une relation amoureuse où tout n'est qu'imprévu, folie et spontanéité.

Hastings s'impatientait. Cela faisait quatre heures que son ami était immobile dans le fauteuil pendant que lui faisait les cent pas.

- Hastings, cessez enfin de tourner en rond. Allez donc calmer vos nerfs à l'extérieur ! grogna le détective qui n'avait toujours pas relevé les paupières.

- Je marche dans cette pièce depuis des heures ! constata le capitaine.

- En effet ! Et c'est des plus agaçant...

- Dans ce cas, peut-être aurait-il fallu me le faire remarquer plus tôt.

- Et passer pour un casse-pied ?!...

Hastings voulut répliquer mais il se ravisa. Que dire ?...

- ... Non, c'est moi qui vais aller faire un petit tour à l'extérieur. Le cerveau de Poirot a besoin d'oxygène pur ! déclara le détective qui, d'un bond, se releva.

Poirot : Une Pause à Helmsley (2nde partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant