Deux coeurs à l'unisson

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- Comment est-ce possible ?... Nous n'avons rien vu venir... soupira Hastings qui arpentait la salle à manger de long en large.

Poirot était avachi sur une chaise, silencieux.

Le capitaine s'arrêta à son niveau, lui jeta un regard triste puis reprit son cheminement.

- ... Décidément. Ce Jasper !...

- Argh... Hastings... Arrêtez donc avec ce Jasper ! C'est maladif chez vous... grogna le détective qui venait de frapper la table de ses poings serrés.

- Eh bien... Quoi ? C'est bien lui, non ? rétorqua le capitaine.

- Bien sûr que non ! Celui qui vient de faire cela est celui qui a tué Beitling la nuit dernière comme tous les autres précédemment...

- Qui alors ? s'impatienta le militaire.

- Patience... Patience... répondit posément Poirot.

- Il n'est plus temps de jouer ! hurla Hastings qui, à son tour, frappa la table de sa paume de main.

- Calmez-vous, mon cher ami. conseilla le détective qui demeurait impassible.

Hastings se redressa et poussa un long soupir.

- Comment pouvez-vous rester si détendu en de pareilles circonstances ? s'étonna-t-il avec un regard qui ne pouvait masquer son mépris.

- Je ne suis pas détendu... Je demeure concentré sur cette affaire...

- Elle a.... coupa Hastings qui a son tour fut interrompu par l'intrusion du majordome.

- Monsieur Poirot. Lady Perrier est dans sa chambre. récita d'une voix monotone l'homme au visage fermé.

- Merci, James.

Poirot s'était levé et se dirigeait d'un pas rapide vers la porte.

Le capitaine et le majordome échangèrent un regard inquiet.

***

Le grillage doré de la volière lançait de jolis éclats sous la lueur orangeâtre du soleil qui se couchait derrière les grands chênes.

Poirot savait qu'il approchait du but. Il ne restait que quelques zones d'ombres. Il avait levé le voile sur l'essentiel de cette sombre affaire.

Bientôt la vérité éclaterait au grand jour. Mais il fallait attendre le 24 juin et l'ouverture du codicille.

Le grincement du lit sortit Poirot de ses songes. Il se détourna de la fenêtre et son visage afficha un franc sourire à la vue de la jeune femme assoupie sur le couvre-lit.

- Hercule... murmura-t-elle.

- Je suis là, ma chère. assura-t-il alors qu'il venait de s'asseoir au bord du lit.

- Je viens de faire un terrible cauchemar... poursuivit-elle, les yeux fermés, ses paupières s'agitant faiblement.

- Psst... Tout va bien maintenant.

Poirot avança la main vers le visage d'Amelia. Il hésita quelques secondes puis fébrilement caressa sa joue rosie.

- Nous étions dans une cabane au milieu d'une clairière. Il y avait un homme qui m'avait sauvée de la mort et... Un coup de feu... Et l'homme était...

Soudainement Amelia se redressa sur ses coudes et écarquilla les yeux qu'elle planta dans ceux de Poirot qui fut parcouru d'un frisson tant elle paraissait effrayée.

- ... Ce n'était pas un rêve, n'est-ce pas ?... Il est vraiment...

- Oui, mais reposez-vous... chuchota-t-il.

Poirot : Une Pause à Helmsley (2nde partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant