Dernière demeure

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La table était élégamment dressée.

- Mais où étiez-vous donc ? demanda Hastings alors que Poirot entrait enfin dans la salle de séjour.

- Je suis allé saluer le personnel de maison.

- Et la cuisinière a du retard pour la préparation du repas. sourit Amelia.

- Ou alors c'est nous qui sommes arrivés trop tôt. corrigea froidement le détective.

La jeune femme sourcilla. Ses yeux s'assombrirent à nouveau.

Pour briser cette ambiance sous tension, Hastings décida de changer de conversation.

- Votre oncle avait vraiment un magnifique domaine.

- Oui, en effet. Il avait encore tant de projets. Il y a largement de quoi faire. Le parc est immense. Il voulait aménager une terrasse jusqu'à la volière... Vous voyez ?

Amelia s'était approchée de la fenêtre et indiquait du doigt la jolie construction de bois blanc.

Hastings s'avança mais se ravisa. Il jeta un regard pressant à Poirot et releva les sourcils comme pour lui indiquer qu'il lui fallait réagir.

Le détective poussé par la politesse plus que par l'envie s'en alla donc rejoindre Amelia à la fenêtre.

A peine était-il à ses côtés que l'émotion le submergea. Il sentait son si doux parfum, il scrutait son profil : ses pommettes saillantes, son nez romain, ses lèvres roses... Il percevait la chaleur de son corps.

Son cœur s'emballa. Poirot n'était décidément plus Poirot en sa présence.

- Messieurs...

Le détective et le capitaine se retournèrent vers James qui venait d'apparaître à la grande porte de la salle à manger.

- ... Je viens d'avoir Monsieur Upster, le gérant du Cygne noir... Il semblerait qu'il y ait eu un énorme souci avec la plomberie dans l'hôtel... Votre séjour y est compromis.

- Comme c'est fâcheux. grimaça Poirot.

- James, demandez à Jemison d'aller chercher les effets de Messieurs Poirot et Hastings... qui logeront au manoir. Demandez à Charlotte de préparer les chambres solaire et orientale pour nos invités. ordonna Amelia.

Poirot soupira. La chambre solaire ! Autant que ce soit Hastings qui la récupère au souvenir qu'il en avait... En même temps, à quoi pouvait bien ressembler la chambre orientale ? Raoding avait certainement de nombreux talents. Et il n'était pas très catholique de casser du sucre sur le dos d'un mort mais il fallait reconnaître qu'il n'avait eu aucun goût quant à la décoration intérieure de cette pièce.

- Je vous remercie de votre présence en ce moment difficile. Les funérailles auront lieu cet après-midi. Nous serons en petit comité. dit Amelia.

- Lord Raoding n'avait-il pas de nombreuses connaissances qui se presseront cet après-midi pour lui signifier leurs hommages ? s'enquit Hastings.

- Mon oncle a perdu beaucoup d'argent ces derniers mois... De mauvais placements... Et les amis savent disparaître en de tels moments... soupira-t-elle.

- Vous ne semblez pas tenir rigueur à Jeffrey Beitling de ce revers de fortune ? lança Poirot qui ne pouvait masquer son ton sarcastique.

- Vous savez donc que je loge dans un de ses appartements sur Londres.

Poirot sentit la colère lui monter.

- Oui. Je m'en suis étonné. ajouta-t-il triturant sa fourchette.

Poirot : Une Pause à Helmsley (2nde partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant