Tel est pris qui croyait prendre...

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- Mais en ce qui concerne la bonne Anny, c'est bien son oncle qui l'a occis ? demanda Hastings qui venait de raccrocher après avoir appelé Felicity Lemon pour l'aviser qu'une voiture viendrait la prendre en charge à Whitehaven Mansions pour l'amener à Helmsley. Le seul train pour Leeds avait déjà quitté Londres.

- Oui, c'est bien Joey Walsh.

- Tuer sa propre nièce, c'est fou...

- Joey Walsh est prêt à tout pour s'enrichir.

- Était !...

Poirot adressa un regard perçant au capitaine.

- Oui, était. Il est mort l'hiver dernier... Ah oui c'est vrai que vous en doutez, n'est-ce pas ?

- Pour moi, Walsh n'est pas mort.

- Il est de mèche avec Jasper ?

- Nullement. Walsh a fricotė avec Beitling et Pritchard. répondit Poirot qui consultait négligemment les ouvrages que Hastings avait déposés sur la grande table de la bibliothèque au cours des derniers jours.

- Beitling !

- Oui, Beitling ! répondit le détective agacé de devoir répéter tout autant que de constater le peu d'ordre de son associé.

- Il est là !

Poirot releva la tête et fixa l'index droit que le capitaine pointait à la fenêtre.

- Beitling ? pâlit Poirot.

- Oui. Beitling ! répéta une énième fois Hastings.

***

Poirot fila dans le grand hall et vit débouler le jeune homme qui ralentit sa marche.

- Poirot ? Que diable faites-vous ici ?

Le détective agressé voulut répondre mais il fut devancé.

- Que fais-tu ici, Jeffrey ?

La voix d'Amelia froide et monotone venait de s'élever depuis le palier du premier étage.

- Amelia, ma chérie.

- Oh, balivernes. Cesse-donc de m'appeler ainsi !

Elle descendait maintenant les escaliers. Elle avait revêtu un large pantalon de lin beige et arborait un joli chemisier de voile et de dentelle qui laissait deviner sa peau de lait.

Elle s'était coiffée et maquillée. Elle embaumait la rose. Elle était si désirable aux yeux de Poirot.

- Tu as dû être si bouleversée. Comment cet inspecteur a-t-il pu croire que tu avais pu... Est-ce vous, Poirot, qui avez mis de telles idées dans la tête de ce scélérat ?... Qui depuis semble avoir disparu de la circulation...

Poirot ouvrit la bouche pour claquer le bec à ce malotru mais là encore il se fit couper l'herbe sous le pied.

- Ne t'en prends pas à Hercule, veux-tu ? Il n'y est pour rien et veille sur moi avec grande bienveillance.

- Hercule ? Eh bien, vous avez pris grande place aux yeux d'Amelia... C'est assez normal au final. Elle vient de perdre son oncle. Elle a besoin de cette protection paternelle. dit Jeffrey d'un petit sourire narquois.

- Si Poirot était mon père, il serait actuellement en prison ?

- En prison ? s'étonna Beitling.

- L'inceste est puni en Angleterre... comme dans de nombreux pays d'ailleurs !... rétorqua la jeune femme, excédée.

Quelques chuchotements dans le personnel puis le grand silence...

Amelia rougit et baissa les yeux, consciente de la gêne qu'elle avait certainement suscité chez Poirot qu'elle n'osait pas regarder.

Poirot : Une Pause à Helmsley (2nde partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant