L'heure des comptes

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- Alors que faisons-nous ? s'impatienta Hastings.

- Nous rentrons sur Londres.

- Comment ? s'étonna le capitaine.

Poirot sentit les regards perdus de l'assistance. Amelia depuis le fauteuil, Japp depuis la fenêtre... Nul ne comprenait cette décision.

- Faites confiance à Poirot. tenta de rassurer le détective.

- Mais vous ne pouvez m'abandonner... Cette affaire n'est pas terminée... Et j'avais cru que...

Amelia rosit et se tut, gênée de se confier ainsi à tous. Cette supplique ne s'adressait qu'à Poirot.

- Je reste maître de la situation. N'en doutez pas.

- Quelle étrange idée que voilà, Poirot. Que diable retournez-vous faire à Londres ? s'enquit l'inspecteur qui revenait vers le centre de la pièce pour récupérer un petit gâteau sur la table basse.

- La même chose que vous, Japp. Nous rentrons tous à Londres.

- Quoi ? Que j'abandonne cette affaire ?! Êtes-vous dément ?... Le codicille sera ouvert demain et il faudrait que mademoiselle Perrier s'y rende seule avec le risque de se faire... occire à tout moment. La campagne vous a ramolli le ciboulot ! grommela Japp, avant de croquer avec force le petit sablé qui se répandit en de nombreuses minuscules miettes qui s'en allaient recouvrir le tapis grenat.

- Argh... Me suis-je une seule fois trompé depuis que j'ai posé les pieds sur cette île ? se défendit Poirot.

- Je n'en sais rien. Je ne vis pas avec vous ! rétorqua l'inspecteur qui se tourna vers Hastings appuyé sur le montant de la cheminée, les yeux perdus dans le vide.

Le capitaine se redressa et recentra ses idées. Il s'éclaircit la voix.

- Je ne vis pas avec Poirot moi non plus... Mais il est vrai qu'il ne s'est jamais trompé lors de nos enquêtes... Je lui fais une totale confiance... Même si j'avoue être un peu perdu actuellement. avoua-t-il.

Amelia n'écoutait déjà plus depuis un moment. La tristesse et la colère l'envahissaient. Elle avait besoin de lui et maintenant. Il avait juré qu'il serait toujours là pour elle. Et là il décidait de rentrer sur Londres sans lui en avoir parlé au préalable.

***

- Je ne sais pas ce qui anime Poirot mais je veux croire qu'il sait ce qu'il fait.

Hastings avait plongé ses yeux gris dans ceux d'Amelia. Mais la jeune femme ne réagit pas. Elle tendit juste la main au capitaine pour le saluer en haut du perron.

Il sourit, dépité puis descendit les quelques marches. Amelia le regarda grimper dans le cab.

Elle devina la présence de son amant à la flagrance de vétiver qu'il dégageait. Elle hésita mais elle ne pouvait le laisser partir sans un au revoir.

- Amelia. Croyez en moi et en mon amour. Tout ira pour le mieux. lui dit-il tendrement.

Elle tourna enfin son regard vers les billes noires du détective.

- Pourquoi m'abandonnez-vous ? gémit-elle.

- Je ne vous abandonne pas. Je vous aime tant. Je ne sais que faire pour vous rassurer. Tout sera réglé d'ici demain. Tout cela ne sera plus que de l'histoire ancienne... Je vous le promets.

Amelia ne savait que penser. Jamais Poirot ne lui avait menti et comme elle l'avait dit, elle l'aurait suivi les yeux fermés. Elle ne doutait pas des sentiments qu'il lui portait. Mais tout cela était tellement déroutant. Ce départ précipité à à peine quelques heures du rendez-vous chez le notaire...

Poirot : Une Pause à Helmsley (2nde partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant