Il était tard. Le balancier de l'horloge s'agitait au son du tic-tac lancinant. Dix-huit heures trente.
Le salon était faiblement éclairé.
Poirot, assis dans son fauteuil de cuir, trempa les lèvres dans son verre de brandy. Sa bouche était déjà bien habituée au goût puissant du breuvage. C'était son troisième verre. Il s'essuya les moustaches de son petit mouchoir blanc.
Il fixait les tentures grenat qu'il avait tirées sur les grandes baies vitrées masquant les arbres en fleurs du Charterhouse square.
- Vous ne devriez pas boire tant...
Poirot grimaça mais ne releva pas.
- Vous auriez au moins pu me laisser préparer le repas...
- Vous cuisinez si mal, ma chérie.
- C'est que je n'ai guère l'occasion de m'améliorer dans ce domaine... grimaça Amelia qui se tenait dans l'entrebâillement de la porte.
- ... Mais je sais dresser une jolie table ! sourit-elle passant les doigts sous le foulard vert d'eau élégamment noué autour de sa nuque.
Poirot sourit ne détournant pas son regard de la tenture de velours.
- Comment la trouvez-vous ? demanda-t-elle.
- Un peu défraichie... Il faudrait penser à refaire la décoration. Vous auriez de magnifiques idées. soupira-t-il.
- Je ne parlais pas de la teinture mais de Miss Berrylin.
- Miss Berrylin ? Que dire ?... C'est une cliente honnête... et généreuse. J'ai accompli la mission qu'elle m'avait confiée et elle m'a remis un très beau chèque. Une coquette somme...
- Je ne parlais pas plus de cela, Hercule... Elle est jolie et intelligente.
- Certes mais moins jolie et intelligente que vous.
Poirot coula enfin son regard jusqu'à l'entrée de la pièce pour planter son regard noir dans les yeux noisette d'Amelia.
Elle lui sourit tendrement avant de jeter son regard sur le diamant qui scintillait sur le napperon du guéridon.
- Peut-être faudrait-il le vendre...
- Jamais. Non. protesta le détective.
- Pourquoi ? Il ne sert à rien, exposé ainsi.
- Il me permet de penser à vous. répondit Poirot qui admirait la pierre précieuse.
- Une habitude que vous devriez perdre.
- Ne plaisantez pas ainsi... Ah... Une soirée rien que tous les deux, vous et moi...
Mais point de réponse. Poirot se retourna mais Amelia avait disparu.
On sonna.
Le détective se leva et gagna le couloir.
Il ouvrit la porte sur un Hastings souriant, une bouteille de Bordeaux rouge à la main.
- Bonsoir, mon ami.
Poirot opina du chef pour tout salut et lui fit signe d'entrer.
- Dieu que cela sent bon ! Qu'avez-vous préparé de succulent ?
- Des cailles farcies au foie gras.
- Quelle merveilleuse idée que voilà. Je reconnais là votre... Mais nous attendons du monde ? s'étonna Hastings qui scrutait la table de salle à manger.
Poirot compta les couverts et sourit paisiblement à la vue du bouquet de roses saumon posé au centre de la table.
- Nous pouvons passer à table, mon ami. Tout le monde est là.
***
***
FIN
Et voilà ainsi s'achève cette enquête du magnifique et célébrissime Mr Hercule Poirot... laissant planer un mystère sur ce court et dernier chapitre...
Chacun en fera ce que bon lui semblera...
J'ai le coeur un peu lourd en quittant cette oeuvre. Mais comme je le dis toujours : toute chose a un début et une fin.
C'était un beau défi que je relevais une fois de plus car en écrivant le premier chapitre, je ne savais pas où le clavier me mènerait. C'est risqué car souvent il est conseillé d'avoir travaillé un plan. Mais je suis de nature aventureuse...
Espérant que cela n'a pas amenui votre plaisir à suivre Hercule et son Amelia...
Je remercie tout particulièrement LadySybille, Mitsunea et LauryaStark qui m'ont accompagnée durant l'écriture...
Merci à tous les lecteurs qui prendront le même chemin...
A bientôt pour un nouvelle histoire...😊❤
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Poirot : Une Pause à Helmsley (2nde partie)
FanfictionHISTOIRE TERMINEE Amelia a quitté précipitamment Whitehaven Mansions après s'être faite éconduite par Poirot... Quelques semaines plus tard, le détective apprend le décès de Lord Raoding, son grand ami et oncle d'Amelia. Poirot, accompagné de Hasti...