Une chenille dans son cocon

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- Nous sommes entendus. Anny arrivera dans deux jours sur Londres. Je m'arrangerai pour lui rendre de petites visites... tel le bon oncle que je suis... Cela me permettra de prendre connaissance des lieux... réfléchit tout haut Walsh en raccompagnant Pritchard à sa voiture sur le capot de laquelle la jeune gamine s'était assise pour croquer sa pomme.

- ... Fiche-le camp de là, bon Dieu ! T'étais pas censée bosser un peu... grogna le fermier.

Anny soupira et se releva lentement en maugréant.

- ... Excusez-la. Elle sait pourtant se tenir... Et elle donnera toute satisfaction à Londres

- À Londres ? intervint Anny qui avait entendu les derniers mots et avait accouru auprès des deux hommes.

Elle affichait un sourire jusqu'aux oreilles.

- ... Oh... Vas pas de mettre martel en tête ! Tu n'y vas pas pour faire des emplettes mais pour travailler. corrigea Walsh.

- Travailler ? Mais où ?

- Chez ma tante. précisa Pritchard.

- Et vous y habitez-vous aussi ? demanda la gosse d'un air aguicheur.

- Petite sotte ! souffla le vieux qui avait vu le jeu de sa nièce.

Elle se renfrogna, haussa les épaules et s'en alla vers les écuries en sautillant.

- Je ne sais pas si c'est une si bonne idée. soupira Pritchard.

- Vous inquiétez pas. Elle a déjà bossé chez des familles de la région et il n'y a jamais eu de souci. tenta de rassurer Walsh.

Mais le moteur d'une grosse cylindrée en approche les surprit.

Le bolide s'amusa en un freinage contrôlé avant de s'arrêter à quelques centimètres de la voiture du londonien.

- Etes-vous fou ? lança Pritchard à l'homme qui descendait de sa décapotable.

- Je ne l'ai même pas effleurée, mon ami.

- Ami ?!

- Et bien Walsh. Je ne suis votre unique visiteur. sourit l'homme à l'accent américain bien trempé.

- Beitling... Grrr... Que faites-vous encore chez moi ? Je vous ai déjà dit ce que je savais... Désolé. Bon retour à Londres. finit-il se retournant vers Pritchard.

- Beitling ? répéta Pritchard.

- Oui. C'est bien cela. lui sourit l'homme qui venait de se planter devant lui proposant de lui serrer la main.

Pritchard accepta et le salua sans desserrer les dents. Aucune envie que son nom ne circule.

- Vous devez être en affaire avec ce vieux Walsh... En petite et sombre affaire compte tenu de votre précieux anonymat que vous souhaitez vouloir conserver. ajouta l'américain en clignant de l'œil droit.

Pritchard répondit d'un sourire forcé avant de remonter en voiture.

Pourquoi avait-il fallu que quelqu'un le voit ici ?

Il se tapa la tête sur le volant avant de se redresser et de respirer profondément.

Il jeta un dernier regard vers Walsh et Beitling rendus sur le pas de la porte et qui le fixaient attentivement.

Il mit le moteur en route et fila à toute allure pour rentrer le plus vite possible à Londres.

***

Poirot : Une Pause à Helmsley (2nde partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant