Mon petit agneau bêlant...

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- Où est-elle ? Pourquoi est-elle partie seule ? grogna Japp.

- Mais cela ne peut être grave. Walsh a été arrêté maintenant. Il n'y a plus de danger... N'est-ce pas, Poirot ? demanda Hastings d'une voix peu assurée.

Le détective était à la fenêtre de la salle à manger scrutant les vieux chênes au bout de la pelouse. Il resta muet.

- Nous l'avons trouvée ! lança un agent qui déboula dans la pièce, essoufflé.

- Lady Perrier ? s'enquit l'inspecteur.

- Non. La pierre ! répondit le jeune homme en uniforme qui fronçait les sourcils, étonné de cette question.

- Allez plutôt chercher Lady Perrier. grommela le capitaine.

Le jeune homme blêmit et tourna son regard vers l'inspecteur en chef.

- Désolé. Je ne voulais pas être désagréable. s'excusa Hastings qui se laissait nonchalamment tomber dans le canapé.

- Chef. Chef. On aurait retrouvé sa trace ! cria un second policier qui entrait en trombe dans la pièce.

- Qui... Lady Perrier ? demanda Japp sans la moindre conviction.

- Non... Jasper.

***

Amelia soupira puis grimaça. Ses bras la faisaient atrocement souffrir. Elle émergea de son inconscience. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour comprendre qu'elle était attachée, suspendue à quelques dizaines de centimètres du sol. Elle fixa ses pieds dont seules les pointes reposaient sur un vieux tabouret de bois.

Son regard se perdit aux alentours. De la terre battue et de la paille. Elle scruta autour d'elle. Une vieille cabane pourrie. Elle arrivait à percevoir le jour au travers des interstices entre les planches de bois qui constituaient les quatre frêles cloisons.

Elle leva les yeux. Ses poignets étaient en sang, lacérés par une corde marron nouée autour d'une poutre.

Elle rassembla quelques forces pour se stabiliser mais cela était bien compliqué. Le tabouret était trop bas. Ou la poutre était trop haute... à moins que ce ne soit elle qui était trop petite... Son cerveau s'embrumait.

Elle déglutit. Sa gorge était si sèche. Et sa tête lui faisait si mal.

Elle se débattit dans un sursaut mais se ravisa, se rendant compte que cela la mettait en danger plus qu'autre chose. Le tabouret n'était pas stable.

Elle essaya de délier les cordes mais c'était bougrement bien serré. Qui avait bien pu...

Quelques visions lui apparurent enfin. L'étang. Les cygnes. Le banc. Des bruits de pas. Une main puissante qui l'empêchait d'hurler. Puis le trou noir...

Mais il y avait cette odeur. Oh oui. Elle se souvenait de cette odeur. De ce souffle sur sa nuque... Comme au fond de cette sombre et crasseuse cellule... Jasper !...

Elle hurla. Et hurla encore.

A quoi bon. On était en pleine campagne. A deux pas de la vieille abbatiale. Personne à des miles.

***

- Allez réveille-toi. C'est la dernière partie. Et tu vas perdre.

Amelia sursauta. Elle était si fatiguée.

- Réveille-toi. Je t'ai dit. Toutes de sales feignasses...

Amelia écarquilla les yeux devant le visage haineux de cet homme aux boucles blondes.

- ... Assez dormi. lui lança-t-il avant de lui flanquer un coup de poing dans l'abdomen.

Elle cria puis s'étouffa par la douleur.

Poirot : Une Pause à Helmsley (2nde partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant