Poirot : Une Pause à Helmsley (2nde partie)

Fouiner... C'est pas bien !

Helmsley - Canons Garth lane - 28 novembre 1923

Pritchard et Beitling se faisaient face devant deux verres de bière à peine entamés.

L'ambiance n'était pas à la franche rigolade. La roue avait tourné.

Il y avait cette maudite affaire de mine en Bolivie. Une belle escroquerie, oui ! Les deux hommes s'étaient faits rouler dans la farine. Ce Hortero leur avait fait miroiter des dividendes. Et il n'y avait rien. Il n'y avait plus rien. Tout l'investissement n'était plus que poussière. Et il fallait en faire part à Raoding.

Beitling l'avait convaincu d'apporter des fonds dans cette affaire et le lord avait fait confiance à son ami américain.

Tous les trois y avaient laissé des plumes.

Pour Beitling, il y avait un autre souci. Amelia avait décidé de rentrer définitivement sur Helmsley début janvier. Elle allait lui échapper. Quel moyen de pression aurait-il encore sur elle à des milliers de kilomètres ?... Il fallait qu'il soit plus agressif dans les lettres anonymes. Elle devait s'inquiéter au point de devoir se réfugier auprès de quelqu'un. Elle ne connaissait pas grand monde. En tout cas elle avait peu de vrais amis. Elle reviendrait forcément vers lui. Et il l'accueillerait à bras ouverts pour la protéger...

De toute façon, il s'arrangerait sûrement pour l'accompagner à son retour. Il n'était point question de la laisser seule. Il devrait être présent jusqu'au 24 juin 1924, jusqu'à ses vingt-six ans, jusqu'à l'ouverture du codicille.

De ce côté-là, cela n'avançait guère. Beitling s'était arrangé pour qu'Anny soit embauchée au manoir. Elle devait fureter, surveiller... Elle était curieuse, toujours à l'affût... Parfaite pour cette mission normalement...

Cela faisait près de deux mois qu'elle officiait comme bonne auprès de Raoding. Et rien. Elle allait bien finir par trouver quelque chose, bon Dieu ! Son oncle disait qu'elle était au moins douée pour cela...

Tiens, en parlant du loup. Le voilà justement qui entrait dans le pub. Il salua le tavernier d'un rapide hochement de tête et alla directement s'asseoir avec les deux visiteurs.

***

Helmsley - Dans la clairière près du pont - 17 janvier 1924.

Walsh voyait la présence de ce maudit détective d'un mauvais œil. Il cherchait après le trésor. Celui mentionné dans le codicille. Et il ne souhaitait pas être dérangé par ce petit chauve qui posait beaucoup trop de questions.

Walsh n'était pas bête. Il avait entendu les discussions entre Beitling et Pritchard. Il savait pourquoi l'américain avait veillé à ce que sa nièce travaille au manoir.

Et si Beitling était prêt à attendre jusqu'en juin. Lui avait un besoin pressant de fric. Et la vie était une jungle. Chacun pour soi et Dieu pour tous !

Il avait décidé de suivre Poirot depuis le petit matin. Le détective avait marché avec Raoding jusqu'à la cabane du vieil Hutch.

Walsh caressait la gâchette de son fusil. Il soupira profondément.

Ce devait être un sacré magot. La sœur de Raoding avait certainement laissé à sa fille unique un sacré pactole.

Walsh en avait assez des petits vols... Les mallettes d'argenterie, les soldats de plomb, les bijoux chez les vieilles familles fortunées de la région... Il en avait fait le tour. Et s'il y avait là de quoi se mettre à l'abri pour tout le restant de ses jours ?