Kankan - Guinée - 25 août 1898
Hutchard courait aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Au loin, il entendait les échanges de coups de feu et les salves des canons. Ils étaient à peine couverts par les hurlements de la petite fille.
Il perçut des pas rapides. Des sofas étaient en approche. Ils ne tarderaient pas à apparaître derrière la grande dune. Il fallait se cacher... mais à quoi bon se cacher avec un nourrisson qui s'égosille ainsi !...
Il se glissa sous un bosquet d'épineux. Il grimaça. Les plantes lui arrachaient la peau. Il réussit à traverser cette barrière végétale et s'allongea au sol de côté, la gamine tout contre lui.
- Je t'en prie, ma petite. Si tu ne te tais pas, nous mourrons.
Le nourrisson planta ses billes noisette dans les yeux implorants du soldat. Amelia se calma. Elle babilla même.
- Chutt maintenant. gronda-t-il gentiment.
Tout était silencieux maintenant mais déjà le claquement du métal des dagues contre les ceinturons des hommes de Samory Touré filant sur le camp français se fit entendre. Se mêlant à leurs pas, cela en devenait assourdissant.
Hutchard s'était recroquevillé. Si violemment qu'à un moment il se dit qu'il avait peut-être broyé le bébé sous sa lourde carcasse.
Enfin, le calme revint. Le soldat resta immobile quelques instants. Ils se méfiait. Certains ennemis restaient à l'arrière et guettaient.
Mais personne ne tourna autour du bosquet.
Il relâcha enfin son étreinte autour du paquet de lange.
La petite lui lança un regard surpris. Ses joues étaient rouges. Elle avait dû prendre un sacré coup de chaud, saucissonnée contre son protecteur.
- On l'a échappé belle, ma petite. soupira-t-il.
Le soldat se rendit compte que cette mésaventure avait totalement défait le peu de tissu dans lequel Mary Perrier avait "emballé" sa fillette.
Hutchard grogna. Il n'avait même pas trente ans et les bébés, il n'y connaissait fichtre rien. Comment remettre tout cela en état ?
Il plissa les yeux. Quelque chose clochait. Il glissa la main délicatement et en tremblant entre la peau de la petite et le pan de textile.
Il en sortit une petite enveloppe et une bourse de cuir. Il défit le lien et retourna le petit sac dans sa paume main.
Il écarquilla les yeux devant la pierre qui brillait de mille feux.
Il ne lui fallut pas longtemps pour la reconnaître.
C'était la pierre que le capitaine et lui avaient découverte dans la région de Macenta, le long de la rivière Makona quelques temps plus tôt.
Il la saisit entre son index et son pouce et la leva devant le soleil. Le diamant irradiait de multiples couleurs. C'était irréel tant cela était magnifique.
Les yeux d'Amelia avaient de multiples teintes, illuminés par cette gemme hors du commun.
- Ceci est maintenant à toi... mais ne pourra remplacer la chaleur de tes pauvres parents.
A son grand étonnement, Hutchard se mit à sangloter. Il secoua la tête, se persuadant qu'il était un fier soldat et que les soldats ne pleuraient pas, que ce n'était là qu'acte de faiblesse.
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Poirot : Une Pause à Helmsley (2nde partie)
FanfictionHISTOIRE TERMINEE Amelia a quitté précipitamment Whitehaven Mansions après s'être faite éconduite par Poirot... Quelques semaines plus tard, le détective apprend le décès de Lord Raoding, son grand ami et oncle d'Amelia. Poirot, accompagné de Hasti...