La journée était ensoleillée, les oiseaux chantaient, ma mère chantait en faisant le ménage et je révisais pour le BAC, plus motivée que jamais à neuf heures du matin. Les ombres me laissaient étonnement tranquilles ces derniers jours, ce qui était... perturbant. Le groupe avait décidé de renforcer ma sécurité en imposant deux des leurs à mes trajets et je les savais surveiller la maison. Ils plaidaient la prudence, ce qui me faisait froncer les sourcils, comme si quelque part dans ma conscience, un avertissement retentissait. Je l'oubliais toujours bien vite, puisque rien ne se produisait de toute façon. Tout était calme et j'avais l'impression d'avoir une vie normale, même si passer devant un miroir me rappelait que la marque était encore là. Bref, tout allait pour le mieux et je respirais avec joie.
Tandis que je résolvais une équation de mathématiques, en mordillant mon pauvre crayon, l'aspirateur de ma mère s'éteignit, tout autant que sa voix. Je fronçai les sourcils, haussai les épaules et poursuivis mon travail, sans trop me poser de questions. Pourtant, une alarme murmurait à mon esprit de bondir. Comme si les Obscurs pouvaient franchir la barrière de Cathy ! Finalement, l'avertissement se tut totalement, lorsque ma mère s'écria d'une voix étonnamment heureuse :
— Minah, viens voir !
Je pouvais percevoir sa malice et fronçai à nouveau les sourcils. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien me vouloir à dix heures ?
Par sûreté, je jetai un œil dehors, mais tout me semblait calme et la rue était déserte. Haussant les épaules je descendis deux à deux les marches.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? interrogeai-je à peine au bas des marches.
Je n'avais cependant nul besoin de réponse, à côté d'elle, se tenait Aiden. Sourire aux lèvres, il était celui que j'avais toujours connu.
— Bonjour ! me salua-t-il gaiement.
Ma mère me lorgnait ouvertement, l'air de me dire « A quand le mariage ? ». Il m'a embrassée. Pensai-je alors, avant de me rétracter. C'était stupide, nous avions passé les derniers jours à réviser assidument, pour alléger la semaine avant les épreuves. Nous avions passé beaucoup de temps ensemble, mais toujours avec Cathy et Paul et à aucun moment je ne me souvenais d'un tel acte. Quand bien même, l'idée était saugrenue.
Je croisai le regard bleu d'Aiden et déglutis. Il m'avait informée que, parfois, il percevait plus distinctement mes pensées qu'avant et ma main à couper, qu'il venait de m'entendre avec mon histoire d'embrassade.
— Hum, hum, toussota ma mère.
Je touchai ma joue et remarquai qu'elle était anormalement chaude. J'étais dans la merde.
Pour me donner contenance, je secouai la tête et lançai :
— Qu'est-ce qu'il se passe de si bonne heure ?
Ma parente loucha sur Aiden, l'invitant à répondre lui-même.
— On va à la fête foraine, tu veux venir ?
Un instant, je me dis qu'il s'agissait d'un code secret. Quelque chose voulant signifier : ils vont frapper, tu dois sortir. Mais je changeai bien vite d'avis. Effacer les souvenirs de ma mère leur était un jeu d'enfant, mes amis n'avaient aucunement besoin de faire dans la discrétion.
— Je révisais, en fait.
L'invitation me semblait des plus étranges, car les Luma ne m'avaient jamais conviée à me détendre au milieu d'attractions.
Ma mère plaça ses mains sur les hanches, sans rien dire. Je constatais sans problème sa désapprobation. Je levai les yeux au ciel, avant d'abdiquer.
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La mort à ses trousses
ParanormalMa vie suivait son chemin, sans trop d'embûches. J'avais dix-sept ans, je la croquais à pleine dents. Je n'attendais que de vivre un amour beau et fort. Et puis, un soir, tout a basculé. Le bonheur que j'éprouvais a volé en éclats. Dix minutes, tout...