— Que va-t-on faire ?
La voix me semblait lointaine, irréelle, dans le noir qui régnait autour de moi. Je ne ressentais rien, mais il me semblait qu'une lumière s'approchait de ma personne. Elle tentait de me convaincre de revenir. Il faisait bon, ici, dans cet endroit sombre, mais apaisant. Il était bon, ici, de ne plus trop penser.
— Je ne sais pas...
La peine me saisit en plein cœur. L'inquiétude avait percé, dans les mots murmurés. Pourquoi avais-je réagi ? Cet endroit était meilleur. Je semblais flotter, au-dessus de tout.
— Ils l'ont marquée !
L'agressivité de la remarque ébranla mon paysage. Qui était-il ? Pourquoi semblait-il être ailleurs ?
— Je vais les tuer.
Je l'imaginai, les dents serrés, prêt à bondir comme un animal enragé. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes. Qui était ce « il » ? Je voulais froncer les sourcils, mais dans cet endroit, je n'étais plus rien.
— Calme-toi.
Le ton posé m'apaisa un instant. Quelqu'un de réfléchi, cela faisait du bien. La lumière m'aveugla un instant et je reculai.
— Tu sais ce qu'ils font aux marqués ?
Non, mais ça ne devait pas être si terrible.
— Minah est leur proie !
Mon nom me ramena instantanément à la réalité. Ce noir n'avait plus rien de rassurant, il était angoissant, empreint d'une atmosphère étouffante. Je me mis à courir vers la lumière. C'était là-bas que se trouvait ma place.
Peu à peu, mes sens revinrent. Je perçus l'engourdissement de mes membres et la sécheresse de mes lèvres. Le matelas dur sur lequel mon corps était allongé et la piqûre dans ma main. Ce n'était pas agréable, mais je poursuivis ma route. Qu'importe que cela fasse mal, je devais avancer. Plus je courais, plus une douce chaleur m'enveloppait. Je sentais une présence rassurante, lumineuse. J'avais envie de la toucher, ne serait-ce que du bout des doigts.
— Je sais, grogna le ton posé.
Le rappel ne lui plaisait guère. Le sens de la conversation m'échappait. Ce n'était qu'un moyen pour moi, de trouver la force d'avancer, de toucher du bout des doigts l'éclat qui brillait au loin.
— Mais nous serons là, répondit la voix inquiète.
L'engourdissement se transformait peu à peu en gêne. Je commençais à souffrir.
— Comment pourra-t-elle le comprendre ?
Il y avait cependant ce rayon de soleil, si lointain et si proche à la fois. Je désirais l'atteindre, plus qu'aucune autre chose en ce monde. Alors, je redoublai d'effort, m'élançai comme jamais. Et la lumière me consuma en un instant.
Mon premier réflexe, lorsque j'ouvris les yeux, fut de prendre une grande inspiration. J'avais l'impression de suffoquer l'instant d'avant. Pourtant, je n'étais qu'en train de rêver, non ? De quoi, déjà ? Je ne me souvenais pas vraiment. Seule cette chaleur restait, comme un doux souvenir.
— Minah ! s'alarmèrent trois personnes.
Je pris quelques instants pour calmer mon cœur, qui battait bien trop fort. Puis, je relâchai la tension dans mes doigts et me tournai sur le dos. Les murs blancs et la perfusion, que j'apercevais du coin de l'œil, m'indiquèrent clairement que j'étais à l'hôpital. Pour un malaise ? C'était étrange.
— Minah ? questionna Cathy en se penchant vers moi.
Sa tête apparut dans mon champ de vision et je souris. J'allais bien. Une douleur semblait planer autour de moi, mais il s'agissait de simples souvenirs. Je ne souffrais plus. Le liquide, qui s'introduisait dans mon corps, devait y être pour quelque chose.
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La mort à ses trousses
ParanormaleMa vie suivait son chemin, sans trop d'embûches. J'avais dix-sept ans, je la croquais à pleine dents. Je n'attendais que de vivre un amour beau et fort. Et puis, un soir, tout a basculé. Le bonheur que j'éprouvais a volé en éclats. Dix minutes, tout...