Marchant aux côtés de Cathy, je ne cessais de vouloir soupirer, très loin de ce qu'elle me racontait. Sa voix me semblait lointaine parmi toutes les pensées que j'avais.
A force de passer du temps avec eux, la vie réelle m'échappait doucement. Je m'enfermais dans leur monde, en oubliant que mon BAC ne se produirait qu'une seule fois pour moi. J'enchainais les ratés scolaires et je ne savais pas comment y remédier. Si ce n'étaient pas les Lumas qui occupaient mon esprit, les ombres prenaient leur place. J'étais dans une impasse.
— Qu'est-ce qu'il y a, Minah ?
Cathy avait passé un bras sous le mien et avait gardé le silence un long moment. Elle était fidèle à elle-même : prudente.
— J'ai raté mon contrôle.
Au lieu de penser à la Seconde Guerre Mondiale, je pensais à la guerre silencieuse qui se déroulait entre les Lumas et les Obscurs. Au lieu de me remémorer la date de l'Armistice, je me remémorais les dates clés de cette année. Tout me ramenait à leur monde.
— Il y a en aura d'autres, t'en fais pas !
Je soupirai pour la énième fois.
— Il y en a tellement que j'ai raté, avouai-je en me mordant la lèvre. Depuis qu'ils sont apparus, mes notes ne font que chuter. Mes parents se sont disputés à cause de ça. Mon père me fait confiance et ma mère essaie de lui faire comprendre que c'est une mauvaise idée. Elle voulait me priver de sortie, mais mon père s'y est opposé.
De toute façon l'idée était mauvaise. Je sortais très peu et mes allers et venus dans la maison aux proportions énormes pouvaient être couverts sans difficulté majeure. Je n'aimais pour autant pas mentir de cette façon.
— Il te comprend mieux qu'elle, je pense. Il s'est toujours concentré sur les études, non ?
Je confirmai d'un hochement de tête. Mon père n'avait jamais séché les cours, n'avait jamais participé à des soirées et n'avait eu que de rares amis. Il s'était donné corps et âmes à son avenir d'avocat. Il me disait souvent qu'il regrettait certains choix, parce qu'une fois passé l'âge, difficile de vivre certains événements. Il n'avait jamais été plus explicite, mais j'avais conclu que si une deuxième chance lui était donnée, il aurait été plus sociable et aurait pris la vie de façon plus légère, avant de devenir adulte.
— Je pense qu'il veut t'éviter d'avoir les mêmes regrets que lui.
— Sans doute.Cathy darda ses yeux bruns sur moi, l'air de me gronder. Elle détestait quand je n'allais pas au bout de mon idée, parce que je le montrais trop explicitement à son goût, que je n'avais pas terminé.
— C'est ma mère qui a raison. Les études, c'est devenu trop important pour les négliger et je suis responsable de mon avenir. On a qu'une seule chance.
— Tu n'es pas obligée de faire cinq années d'études pour trouver un métier qui te plait, Minah. Tu as le droit à l'erreur et à l'attente. Tu devrais plutôt te concentrer sur ce que tu aimerais être plus tard, plutôt que sur la chute de tes notes qui remonteront de toute façon.
— Tu es toujours pleine de bon sens, Cathy ! m'exclamai-je.Elle rit tandis que je souriais. Puis, je sentis une sorte d'instabilité et faillis tomber. Aiden et Paul avaient disparu de mon champ de vision et seule l'absence d'inquiétude de ma meilleure amie me permit de ne pas paniquer. Pourquoi nous avoir enfermées dans sa barrière, sans eux ?
— Tu as parlé à Aiden de ça ?
Immobile, la brune semblait anxieuse. Il n'y avait pourtant rien d'alarmant dans ce que j'avais raconté. Il ne s'agissait que d'événements de la vie ordinaire d'une lycéenne.
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La mort à ses trousses
ParanormalMa vie suivait son chemin, sans trop d'embûches. J'avais dix-sept ans, je la croquais à pleine dents. Je n'attendais que de vivre un amour beau et fort. Et puis, un soir, tout a basculé. Le bonheur que j'éprouvais a volé en éclats. Dix minutes, tout...