Aucune de nous deux n'osa ouvrir la bouche. J'étais tétanisée à l'idée que l'un d'eux ne reviennent pas. A l'idée qu'Aiden disparaisse ainsi, aussi facilement. Cette pensée me serrait le cœur et grillait mes neurones. Alors, je me mis à l'encourager. A lui dire combien je souhaitais le voir revenir vivant. A lui dire que s'il y croyait, j'y croirai encore plus. A lui dire de revenir, pas pour les Lumas, pas pour lui. Pour moi.
Je ne sais combien de temps nous avons patienté cette nuit-là, tandis que les heures s'égrenaient et que l'angoisse nous saisissait. Ce que je sais, en revanche, c'est qu'au moment où Cathy se leva pour les rejoindre à l'extérieur, elle n'avait aucune idée de qui avait survécu, ni comment. Nous nous étions simplement ruées vers la nuit, espérant tous les revoir en un seul morceau.
Nous étions sur le trottoir appartenant à la maison et nous attendions, les yeux rivés vers l'horizon. L'incertitude nous gagnait, à mesure que les secondes se consumaient. Puis, trois silhouettes apparurent, Paul en faisait partie et Cathy s'élança vers lui, avant même d'y penser. Mélodie et Thibault s'écartèrent juste à temps, pour éviter d'être heurté par la boule d'énergie qu'était ma meilleure amie. Tous trois semblaient fatigués, mais pas sur le point de mourir. Aucun ne souriait cependant, pas même Paul au bras de sa moitié. Ma gorge se noua.
Jérôme, Gabriel et Lucie firent leur apparition, au moment où le premier trio et Cathy arrivaient à moi. Ils me saluèrent brièvement, avant d'entrer, sans un mot. Lorsque le deuxième trio parvint à moi, Jérôme posa une main réconfortante sur mon épaule. Gabriel me lança un regard méprisant et Lucie un sourire désolé pour son Luma trop âgé.
Arnaud et Camille arrivèrent à leur tour. Ils entrèrent en baissant le regard.
Mes mains étaient moites, mon souffle court. Il ne manquait que Sean. Et Aiden.
« Je veux t'enlacer, comme si le monde n'avait plus aucune importance. » pensai-je très fort. Je fermai les yeux, espérant que le temps passerait plus rapidement. Espérant l'apercevoir, lorsque je les rouvrirai. Ce ne fut pas le cas. Je repensai alors à mes mots, à mes convictions. Je devais y croire, jusqu'au bout, jusqu'à la fin des temps.
Puis, deux ombres apparurent et je crus, un instant, que les Obscurs étaient là. Je me rendis rapidement compte que le groupe était à présent au complet. Le monde disparut à mes yeux et je courus vers Aiden, avant même de le penser. Il est en vie. C'est tout ce à quoi je pensais. Puis, dans ses bras, je pleurai comme si la mort avait été vaincue. Comme si cela avait été la dernière fois que je l'avais vu.
— Je suis là...
Je pleurai comme une madeleine, me souciant peu du fait que nous étions par terre. J'étais à peu près consciente que mon ami n'était pas au meilleur de sa forme, mais ce n'était pas ma principale préoccupation. Il respirait, et c'était tout ce qui importait pour moi.
Puis, Sean toussota et je m'écartai d'Aiden. Je ne m'étais pas relevée, me contentant de rester sur mes genoux. Sean était assis, lui aussi. Il semblait vouloir dormir, même s'il se força à sourire en me regardant. Je portai une main sur mon cœur, soulagé qu'ils soient tous les deux-là. Même si ces deux imbéciles auraient pu arriver en même temps que les autres !
— Sean a voulu aller plus vite et il s'est perdu, annonça Aiden.
Il s'était redressé et me fixait étrangement. Un mélange de joie et d'agacement.
— Tu pourrais dire merci, j'ai essayé au moins.
— Merci de nous avoir envoyé à l'autre bout du monde, répondit mon ami.
Il n'avait pas détourné le regard de ma personne et cela donnait une impression étrange.
— Ce fut un réel plaisir.
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La mort à ses trousses
ParanormalMa vie suivait son chemin, sans trop d'embûches. J'avais dix-sept ans, je la croquais à pleine dents. Je n'attendais que de vivre un amour beau et fort. Et puis, un soir, tout a basculé. Le bonheur que j'éprouvais a volé en éclats. Dix minutes, tout...