— On se retrouve enfin, susurra la voix grave du leader.
Je ne m'étais mise à courir que depuis quelques minutes. Ils avaient été rapides et parfaitement organisés. J'étais acculée contre le mur d'une habitation. Tremblante, je posai mon regard sur chacun d'eux. Tout en eux me donnait l'impression qu'ils étaient des vampires. Leurs pupilles, leurs cheveux et leurs vêtements noirs n'apportaient qu'une raison supplémentaire à cette idée.
J'avais peur.
— Martin, je t'en prie.
Le chef ordonna et le larbin obéit. Le plus à gauche -le dernier de ma liste imaginaire- s'avança vers moi. Son envie de m'exécuter transparaissait dans chacun des gestes et mes tremblements le ravissaient. Ma respiration se saccada un peu plus et, machinalement, je tentai de reculer. Je ne pouvais aller nulle part, le mur n'allait pas s'effondrer simplement parce que je l'imaginais.
Je fermai les yeux et l'image de mon Soleil m'apparut. « Je suis désolée, terriblement désolée... Pardonne-moi Aiden. » J'espérais qu'il perçoive le message, alors que c'était impossible. Personne ne lisait dans les pensées ! En revanche, je priais qu'ils ne l'aient pas tué, car il méritait la vie, plus que quiconque. Et puis, c'était moi leur cible, moi leur proie.
Martin s'avançait toujours vers ma personne, le regard envieux. Je me dis qu'Aiden était mort, car ils n'avaient qu'un seul code : tuer. Je fus heureuse d'être partie, je n'aurais pas pu regarder la vie le quitter. Avait-elle duré plus que de raison ? Malgré ma conviction, je souhaitais le voir là, apparaitre subitement, comme si rien ne se produisait.
« Je t'en prie, sauve-moi... »
J'étais toujours agglutinée contre ce mur, mais je ne pleurais pas encore. J'étais terrorisée, mais je tenais bon. Jusqu'à ce que la main de Martin ne s'approche de mon cou. Il effleura ma peau, d'un geste bien trop doux pour un homme comme lui. Puis, il se mit à serrer. Collée au mur, j'étouffais lentement. Mes gestes étaient vains, car mes griffures ou mes coups n'avaient aucun effet sur son corps. Il était trop robuste et j'allais perdre la vie ainsi. Privée d'oxygène.
Je repensai à mon Soleil, espérant qu'il puisse me redonner du souffle. Je repensai aux petits nains, espérant qu'ils ne m'en voudraient pas trop de partir sans rien dire. Je priai pour sombrer. Etrangement, je me sentis glisser le long du mur. Etait-ce cela la mort ? Je voyais des points noirs, des centaines. Ils dansaient devant ma vision et la constellaient de trous. Je sentais des mains sur mon visage et mes épaules. La mort se jouait-elle de moi ? Puis, parmi ce flou, je distinguai un œil. Un regard bleu. Et je pleurai. M'attendait-il parmi les non-vivants ?
— Tu t'es remis de tes émotions, Aiden ?
La voix grave ne pouvait pas m'avoir suivie dans l'au-delà. Mon illusion allait-elle jusque-là ? C'était impossible que j'aie tant d'imagination ! Soudain bien consciente d'être vivante, j'avalai de grandes goulées d'air. Mes poumons se remplissaient, tandis que le dos d'Aiden apparaissait dans mon champ de vision. Comment avait-il pu survivre ?
— Je n'aime pas vos tours de passe-passe, répondit mon ami.
Il avait adopté une posture défensive et la réalité me frappa. Certes, il était arrivé ici et avait repoussé mon assaillant, d'une façon ou d'une autre. Mais, que comptait-il faire à six contre un ? Gagner était inespéré ! Surtout contre des spectres tels qu'eux.
— Ils sont plutôt désagréables.
Mon ami fit claquer sa langue de mécontentement, étrangement serein. Puis, en un instant, il disparut du décor. Tout autant que le décor disparu à mes yeux. Je venais d'être projetée à quelques mètres du mur et ce dernier venait de voler en éclat. Cela avait l'avantage de me clouer sur place et de me faire oublier les égratignures qui parsemaient ma peau.
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La mort à ses trousses
ParanormalMa vie suivait son chemin, sans trop d'embûches. J'avais dix-sept ans, je la croquais à pleine dents. Je n'attendais que de vivre un amour beau et fort. Et puis, un soir, tout a basculé. Le bonheur que j'éprouvais a volé en éclats. Dix minutes, tout...