La première séance avec Sean débuta. Ensemble, nous rejoignîmes une autre salle, qui se ressemblait toute d'ailleurs. Les mêmes murs gris, le même espace infini. Nous nous installâmes en tailleur, à même le sol. Même si, le premier soir, je n'avais pas apprécié son comportement, le Luma m'inspirait confiance, sans trop que je ne comprenne pour quelle raison.
— Tu doutes de quelque chose ?
J'eus un hoquet de surprise, avant de réaliser que cela n'allait pas être la première fois, qu'il me surprendrait de cette façon. Le doute, l'incompréhension, l'envie, la jalousie, le manque, tout cela était des sentiments et émotions.
— Pourquoi je te fais confiance ?
J'avais la sensation que je pouvais me confier, sans trop craindre que tout le monde soit au courant. Son âge et son don devaient l'avoir rendu muet comme une tombe, non ?
Sean sourit et ses yeux se plissèrent sous ce mouvement.
— Oh ça, c'est à cause de mes pouvoirs. Je ressens les émotions, mais je peux aussi les modifier et, désolé.
Il secoua la tête, tout en me fixant de son regard brun.
— Quand je rencontre de nouvelles têtes, j'ai pour habitude de laisser mon pouvoir faire l'idiot.
— Ah...
Je mordis ma lèvre, me perdis dans la contemplation du sol avant de me questionner sur le sujet. Etait-ce mal ? J'étais persuadée qu'avec ou sans, j'allais lui faire confiance. Il y avait cette espèce d'aura autour de lui, on avait envie de se confier.
— Ça n'a pas l'air de te perturber plus que ça.
Il fronçait les sourcils en me dévisageant. Allait-il lui aussi plaider l'anormalité ? J'avais assez donné de ce côté-ci.
— Non. Il y a des gens avec qui le contact passe très facilement, je pense que c'est le cas pour toi.
— Avec qui d'autres ?
Son sourire malicieux ne me dupait pas. Il pensait à quelqu'un en particulier. Je souris à mon tour, tandis que des yeux bleus me revenaient en mémoire.
— A ton avis ? répliquai-je.
— Penser à lui te fait oublier tes peurs, n'est-ce pas ?
J'ouvris la bouche, choquée.
— Je l'ai compris, dès l'instant où nous vous avons trouvés, s'empressa-t-il de se justifier. Tu ne paniquais pas face aux éléments irrationnels.
Je pinçai mes lèvres et souris à nouveau. Sa présence m'aidait beaucoup, c'était indéniable.
— C'est vrai. Aiden fait ce genre d'effet-là. Il brille plus fort que le Soleil et son rire m'emporte avec lui. Mais... je crois que cet Aiden-là est mort, depuis ce soir-là.
Je me rappelai de ce téléphone et de ce souffle. De cette disparition et de cette fuite.
— Tu es... peinée ? Frustrée ? Tu lui en veux ?
Trois points pour lui.
— Je l'aimais, parce qu'il était rieur et blagueur. Il parvient à me faire oublier n'importe quoi. Je suis triste d'avoir perdu ça. J'aurais aimé qu'il soit davantage lui-même, qu'il n'y ait pas ce mensonge entre nous. J'ai l'impression qu'il m'a trahie, en un sens.
Face à son regard, je palis.
— Sean, tu es triste ?
Il se ressaisit aussitôt et son sourire devint forcé. Mais je n'avais rien inventé et, bien que je ne le connaissais très peu, c'était la première fois qu'il affichait un autre air que l'indifférence.
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La mort à ses trousses
ParanormalMa vie suivait son chemin, sans trop d'embûches. J'avais dix-sept ans, je la croquais à pleine dents. Je n'attendais que de vivre un amour beau et fort. Et puis, un soir, tout a basculé. Le bonheur que j'éprouvais a volé en éclats. Dix minutes, tout...