Je cherchais ce feu doux, cet apaisement, cette consolation, mais je ne trouvais rien de concluant. Une main chaleureuse semblait tenir la mienne, mais ce n'était pas cela. Il manquait quelque chose, cette chose qui faisait la différence. Alors je patientais. J'attendais un signe, un indice, une étincelle.
L'endroit était joli, quelques fleurs, de l'herbe, du soleil, un magnifique ciel dégagé. Pourtant, j'avais l'impression d'être dans une illusion. De ne pas y avoir ma place. Je n'avais pas envie de courir vers cet horizon, promesse de joie et d'exaltation. Je n'avais pas envie de me perdre dans ce bleu si pur. Je n'avais envie de rien. Sauf de pleurer. Il y avait ce truc, là, dans mon cœur. Ce sentiment d'être mal, pourtant entourée d'un décor somptueux. Il y avait un élément qui n'était pas cohérent, et cette incohérence me poussait à bouder.
Assise, là, toute seule, mes joues étaient gonflées, mes bras croisés. J'espérais vainement que quelqu'un m'expliquerait mon mal être. Sans succès. Puis je me rendis compte du silence qui régnait. Rien, pas même un oiseau ne passait par cet endroit. C'était impossible. La vie regorge de bruits, de mouvements. Je décidai alors de me lever. Une bourrasque de vent passa. Je ne ressentis rien. Ce fut alors que je compris : je rêvais. Un rêve irréel, illusoire, incongru. Je le sentais là, dans ce petit organe si vivant. Je n'avais pas envie de paillettes et de mensonges. Des images terribles me hantaient. Machinalement, je posai une main sur mon cou. Il n'y avait rien et ce n'était pas normal.
J'ouvris les yeux.
Le visage de Cathy se tenait face à moi. Les paupières closes, le souffle régulier, elle dormait. Son front plissé démontrait qu'elle s'inquiétait au pays des songes. Sa main serrant la mienne en attestait également.
Je sentis le moelleux du matelas.
Cathy était assise à même le sol. Elle devait être à mon chevet depuis des heures. Moi, j'étais simplement allongée, sans qu'aucune douleur ne me traverse.
Je me rappelai.
Superposé au visage de Cathy, je distinguai les traits de Mike. Ceux de Rose, avant sa mort. Un frisson me parcourut et je voulus pleurer, sans y parvenir.
Des yeux bruns apparurent soudain. Il ne fallut qu'une seconde à la jeune fille pour bondir sur place, le regard aux aguets. Les larmes semblaient poindre le bout de leur nez.
— Minah...
Ce seul souffle la fit éclater en sanglots.
— Cathy, tentai-je en souriant.
Même si je ne pourrais duper personne, je pouvais au moins faire comprendre que je ne me laisserais pas abattre. C'était terrible, mais j'avais survécu. J'étais ici, dans cette chambre d'ami aux couleurs noirs. Mon cœur battait. C'était le plus important.
— Je suis désolée...
Je ne sus pas quoi lui répondre, bien que ses remords étaient des plus grotesques. Mes sauveurs m'avaient retrouvée, ils avaient fait le maximum pour, j'en étais certaine. Rien d'autre n'importait.
Je ne trouvais pas la force de me redresser, alors je restai sur le flanc, observant avec minutie mon amie. Elle semblait en un seul morceau, Arnaud et Camille devaient avoir aidés.
La lycéenne se reprit, s'efforçant d'inspirer et d'expirer calmement. La voir ainsi me réchauffa le cœur. Elle était comme avant. Je pinçai mes lèvres, me disant que cet avant me semblait si lointain. Alors qu'il était tout proche.
— Comment tu te sens ? parvint-elle à formuler.
— Mal.
Mon murmure me semblait être un cri. Cathy serra les poings, incapables de me consoler. Puis, aussi rapidement qu'elle avait bondi, elle s'effondra sur ses genoux.
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La mort à ses trousses
ParanormalMa vie suivait son chemin, sans trop d'embûches. J'avais dix-sept ans, je la croquais à pleine dents. Je n'attendais que de vivre un amour beau et fort. Et puis, un soir, tout a basculé. Le bonheur que j'éprouvais a volé en éclats. Dix minutes, tout...