Amour et Scandale

17

Deux mois plus tard.

— Nina tiens toi bien râle Ilyan

— Je suis en train de manger dis-je en croquant dans ma pomme

— 1, 2, 3

Ilyan plante sa seringue dans mon ovaire droit, il insère le produit, je sens tout c'est désagréable. Dès qu'il l'a retire je remonte mon jean et ferme le bouton.

— Ça va ?

— Tu me demande ça à chaque fois. Ça fait pas mal.

— C'est pour ça que tu t'arrête de parler à chaque fois que je te pique ria Ilyan.

Ça fait deux mois que je prend ces piqûres, mais toujours rien. Pourtant il ne perd pas espoir, il est certain qu'un jour ça marchera, alors j'essaie de me convaincre moi aussi.

— Je dois aller au travail me dit Ilyan en se levant. Tu devrais rester allongée un moment avant d'aller à la galerie.

— Ouais.

— À ce soir.

Ilyan me fait un bisou sur la bouche et s'en va. J'en ait tellement marre de ces injections, même si je le cache à Ilyan. Avant on avait essayé les comprimé, mais après plusieurs échecs on s'est tourné vers les injections. Mais ça ne veut toujours pas fonctionner.

J'ai envie de prendre une pause de quelques mois. Ça me fatigue, déjà prendre autant d'hormones a des effets secondaires. D'abord les sautes d'humeur. Entre Ilyan et moi, c'est disputes sur disputes.
Ensuite, après la prise d'hormone, il faut programmer nos rapports et les multiplier durant cette période. Souvent, j'ai l'impression qu'on est presque obligé. Ce n'est plus comme avant, on dirait plus un devoir qu'un plaisir.

C'est bizarre à dire, mais depuis je vois parfois nos rapports comme une tâche, et je pense que c'est pareil de son côté.

Tout ça fait que ça me donne envie d'arrêter quelques temps. Mais j'ai peur de le stopper dans son élan. Je sens qu'Ilyan est très impatient à l'idée d'avoir un enfant, et je craint de le décevoir à nouveau. Ilyan a été parfait avec moi depuis le début, il est toujours en train de me soutenir etc. Mais aujourd'hui je sens une forme de lassitude chez lui aussi, ce qui est totalement compréhensible.

Tout ça est trop compliqué, parfois je me demande même si c'est une bonne idée.
Il faut que je lui parle de tout ça, quand ça sera le bon moment.

Quelques minutes après le départ d'Ilyan je suis sortie de la maison. Il fallait que j'aille à la galerie, aujourd'hui une jeune artiste à pris rendez-vous avec moi, par le biais de Tatiana. C'est elle qui a insisté pour que je la vois, elle est très jeune, et inconnu des galeries mais elle serait apparement très talentueuse. D'habitude, je vend les œuvres d'artistes déjà assez connu, mais pourquoi pas donner une chance à quelqu'un d'autre ?

J'ai très envie de l'encourager parce que c'est une fille issu d'un quartier populaire. Et dans ce genre de quartier, le côté artistique est très peu valorisé ou developpé. Je le sais mieux que personne car j'ai grandit dans un quartier similaire lorsque j'étais en Belgique, chez mes parents. On ne m'a jamais poussée dans ma passion, on m'a même beaucoup découragée. Parce que le domaine artistique est toujours un domaine réputé peu lucratif. On imagine toujours un musicien dans les bouches de métro avec un goblet devant lui ou un peintre assis désespérément à l'accueil de centres commerciaux en train de proposer des portraits à des prix dérisoires. Alors que ce n'est pas du tout ça. Les plus grands ont commencé à partir de rien.