x - l'oubli dévore l'automne

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la contemplation de la ville qui EXPLOSAIT sous les pupilles avait lassé les deux amoureux des rues. ils erraient entre les COURBES des immeubles et les formes enivrantes du GOUDRON et de ses IMPERFECTIONS. le corps de paris se laissait toucher par les pas pressés qui errent et VAGABONDENT dans ses membres ALOURDIS.

ernest et darius avaient quitté le THÉÂTRE depuis plusieurs nuits déjà, pour s’en aller vers les foyers de LUMIÈRE qui s’offraient à eux au cours de l’intégralité de leurs escapades rurales. les LAMPADAIRES s'étaient éteints, quelques heures plus tôt, à la vue de L'AUBE rougeoyantes et amoureuse de l'automne. ernest buvait un café noir à la terrasse d’un BISTROT du onzième, accompagnant darius qui prenait en photo les MAIGRES détails que la ville lui offrait, son argentique à la main, muni d’une PELLICULE trop VIEILLE et ABÎMÉE.

darius était à l’art ce que bowie était à la scène - un être HUMAIN dont les TRIPES se DÉCHIRAIENT au contact de la beauté. c’est dans les vestiges d’une peur d’oublier que darius prenait FRÉNÉTIQUEMENT en photo toutes les minimes ANOMALIES qui passaient sous l’empreinte de ses pas et de son regard AGUICHEUR. les photos floues à la prise bancale s'enchaînaient sous ses pupilles et sur du papier glacé et mal COUPÉ.

« — t’en as pas marre de tout garder de cette manière ? les détails du quotidien sont ta DROGUE, quand tu oublieras tu seras perdu darius. » avait lancé ernest au garçon rempli D’IVRESSE artistique qui se pavanait sur le trottoir, son reflex à la main et son coeur comblé par les IMAGES illusoires.

« — j’ai peur. ça ronge ma mémoire et l’intégralité de mes pas. ernest, je veux être pellicule DÉCHIRÉE et albums photos BRÛLÉES.» avait répondu darius, dévoré par la grandeur de ses mots. il faisait de grands gestes sur le TROTTOIR, comme habité par ses dires qui grouillaient d’envies de VIVRE.

« — apprends à offrir une part de flou aux souvenirs darius. parce que PUTAIN c’est BEAU d’oublier un peu quelques fois, pour se remémorer chaque ÉTINCELLE des moments perdus afin de retrouver la bonne.»  avait répondu ernest en prenant la main du jeune garçon, comme on prend la main d’un enfant apeuré face à ses CAUCHEMARS

les deux jeunes êtres humains étaient alors blottis l’un contre l’autre, faisant plier la maigre chaise en plastique sur laquelle ils étaient assis. la CHALEUR du café remontait jusque dans les profondeurs de leurs corps refroidis par NOVEMBRE. les jours s'enchaînaient dans leur immortalité futile. darius en gardait chaque seconde ENFERMÉE dans son coeur tandis qu’ernest, lui, laissait le temps qui passe ONDULER contre lui et son corps CASSÉ. les deux amoureux contemplaient la vie FAUVE et BRÛLANTE d'existence. elle parcourait les corps FIÉVREUSEMENT sans s'attarder sur leurs peaux blessées et meurtries par les TEMPÊTES.

un livre de poésie oublié trainait au coin d’une table, non loin des MÉGOTS qui DIVAGUAIENT dans les CENDRIERS et des restes de verres jamais terminés. quelques moineaux au ventre VIDE mendiaient des miettes de croissants chauds et de pain frais qui sortaient des fours chaleur et plein de BRAISES.

« — qu’est ce qu’on va faire de ces matins TRISTES ? » avait demandé darius en déplorant les vents froids qui bousculaient son corps.

« on va les EMBRASSER lentement, sans avoir peur de les SÉDUIRE » lui avait répondu ernest, un large sourire imprimé sur sds LÈVRES. dès que sa voix eût fini de résonner, darius avait précipité ses lèvres sur les siennes, oubliant d’un coup les regards CRUS des passants VOYEURS.

après quelques longues secondes de silence passées à frôler FOUGUEUSEMENT les lèvres de l’un et de l’autre darius et ernest avaient quitté leur BAISER en lui promettant secrètement de revenir au plus vite.
quelques passants s’étaient DÉCONTENANCÉS devant cette démonstration d’amour, mais bien trop peu avaient réellement compris la portée de cette EMBRASSADE.

« — j’ai envie de m’en aller voler des FRAGMENTS d’inconnus au détour de photos froissées.» avait dit darius à ernest après un long silence rempli d’une douce et PATHÉTIQUE envie de fuir le froid.

« — alors allons inonder le PHOTOMATON de montmartre de nos regards voyeurs mais submergé par la douceur des humains qui se regardent. » avait répondu ernest, les yeux remplis d’une LUEUR DÉVORANT toutes les attaques que novembre organisait contre sa joie, FÉBRILE, certes, mais qui s'efforçait tout de même d'exister.

ét(r)eindre la lumière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant