le soleil PERÇAIT les rideaux de satin bleu nuit qui couvraient les fenêtres crystallines. dans la course de la lumière, darius dormait, calmement, entre les draps légèrement rougis et chaleur SUICIDAIRE. son corps nu imposait sa splendeur. ses couleurs fanées faisaient tâche au coeur du balais de sentiments épineux qui collait aux peaux meurtries.
ernest rangeait la chambre. il remettait les fleurs dans les vases et réparait la colère pour la rendre plus douce et moins amère. il regardait son eternel amant émerger lentement de sa nuit perdue au détour des morceaux de papiers froissés et déchirés par la perte de contrôle.le jeune homme avait fait exploser sa colère à son tour. il avait insulté, piétiné et déchiré novembre. après plusieurs minutes de monologue houleux déplorant les massacres des peaux nues et encore fébriles, il avait laissé darius s'égarer dans ses bras en lui chuchotant quelques mots doux au creux de l'oreille
le garçon aux cheveux rouges écoutait les respirations lentes et innocentes du jeune homme. il avait effleuré ses mains, embrassé ses plaies et avait laissé son coeur battre contre son corps. ils étaient tous les deux assis sur le lit défait, les corps dénudés et la peau pleine de frissons risibles et moqueurs. leur étreinte avait semblé durer mille ans. quelques perles salées étaient allées dégringoler sur leurs joues rosées, mais pas assez pour inonder les paupières closes et fatiguées d'être agressées par la lumière.
« — j'ai envie de fleurs fanées et de lumière, pas toi ? » avait demandé ernest à darius, en passant sa main dans les cheveux blonds du jeune homme et en dessinant un sourire en jouant avec ses lèvres
« — je suis navré mais ton petit jeu avec mes lèvres ne suffit pas à me faire comprendre comment sourire, tu pourrais venir écraser le tien contre ma langue et ma salive ? » avait demandé darius, en attendant comme unique réponse une légère embrassade de la part d'ernest, ce qu'il obtenu avec succès. « maintenant que j'ai compris comment sourire je dois avouer que je ne dirais pas non à une cascade de de pétales abandonnés par les cris du froid » avait-il ajouté avant de retourner se perdre au fin fond des lèvres du garçon aux cheveux rouges.
les deux révolutionnaires étaient sortis dans les rues parisiennes à la recherche de roses fanées à adopter. le goudron se pliait à leurs pas rapides et saccadés. leurs doc martens trouées rafflaient l'asphalte gris et lissé par les multiples passages des humains pressés.
c'était dans la robe mauve du soleil que les pavés de la capitale se pliaient aux valses qui se dansaient à contre temps. les cheveux rouges d'ernest s'adonnaient à de joyeuses danses tandis que les brises automnales percutaient les corps avec leur froid agressif.
darius était passé devant un fleuriste et en était ressorti avec un maigre bouquet de roses à la main et un tournesol dans la poche de de sa veste en cuir trop grande pour son corps de pantin. les deux garçons aimaient, quelques fois, adopter les objets incongrus que l'espèce humaine elle, préférait jeter. il avait tendu une fleur à ernest, le sourire aux lèvres, avant d'embrasser ses pétales avec passion, à l'abri des regards fauves et antipathiques.
ils avaient déposé quelques tiges épineuses au détour des rues vides du matin, pour égayer le quotidien morose des passants bancals et mal aimés. ernest et darius avaient pour habitude d'envahir les rues de leur art et de leurs maux (mots) doux et abrasifs.
quelques papiers déchirés trônaient sur les murs fissurés par le temps. ils étaient refuges de photos floues et sanctuaires de fureur que l'on tait au creux des insomnies. quelques humains étaient parfois outrés face à l'audace de ce nouvel art qui s'imposait dans les endroits bancals et oubliés par les regards.
les nuages violaient le ciel aux couleurs froides que l'ont voudrait embrasser pour les rendre plus gaies et regardables. les murs étaient à présents colorés et recouverts de poésie tandis que les coins de trottoirs ombragés étaient parsemés de pétales en attente d'être aimés.
aramis avait surgi derrière les jeunes hommes, entrainant de peu darius dans une chute involontaire causée par la surprise de lae voir ici
« — j'ai trouvé ça au coin de mon chemin, il me semblait bien que cela ne pouvait que venir d'humains géniaux comme vous » avait-iel dit, les yeux remplis d'étoiles face à son butin constitué de pétales de roses et de fragments de mots tordus.
la matin était fébrile, innocent, presque irréel. il enveloppait les blessures de l'orage et faisait des corps des tombes à pluie violette et à illusions dorées par la luxure. quelques regards s'arrêtaient sur lui, comme pour voler quelques fragments de son éternelle tendresse.
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ét(r)eindre la lumière
Poesíaernest et darius étaient allés étreindre les rayons de novembre pour apprendre de ses lumières desséchées l'éclipse du soleil était rouge et bleue, entre les corps nus et les peurs du noir rugissant. novembre c'est la course des peaux blessées, c'e...