le soleil commençait lentement à décliner, dans les saveurs fourbes de novembre. il étalait ses couleurs automnales dans le coeur des passants, à la manière d’un artiste décorant ses toiles de coups légers et furtifs, comme pour abandonner ses larmes au bord de son oeuvre. les rayons de la lune s’éveillaient en plein coeur de paris, capitale débordant de toutes part à cause de la vie qui l’agressait abondamment.
les terrasses des cafés étaient pleines et suffocaient dans les verres remplis d’alcools forts et mauvais pour les affronts noirs et silencieux qui se livraient dans les gorges nouées. la ville grouillait de toute part. elle hébergeait les fragments d’étés dans ses pavés et les emprisonnait dans les lueurs rouges des lampadaires bancalement fixés au béton nu qui servait de sol.
il était dix sept heure trente, tout au plus, et la lumière, élixir délicat en ces jours de froid naissant, commençait déjà à se mourir dans l’étuve mauve de ses maux dorés. dans le ballet quotidien des travailleurs effréinés et des humains qui signaient leurs arrêts de mort au contact des tables de terrasses bondées, trois révolutionnaires vêtu.e.s de robes et aux visages colorés avançaient, fébrilement, dans la tumultueuse tempête de venin et d’insultes mortelles proliférées par l’espèce humaine toute entière.
aramis cachait son corps sous sa longue et grande veste en cuir noire, ornée de quelques badges aux slogans révolutionnaires. ses yeux bleutés étaient remplis d’une crainte qui semblait porter à elle seule toute l’angoisse de recevoir quelques coups de poings en colère sur ses épaules. iel regardait avec envie les mains enlacées de darius et ernest qui repoussaient loin d’eux les regards décontenancés des humains consternés à la simple vue de leur amour qui s’étalait dans les espaces publics, exposé à toute forme de haine.
« — admire la lune de ce soir et attrappe la folie à pleine mains, plutôt que de tenir cette veste fermée contre tes jambes et tout le cran qui s’en délivre. » avait lancé darius à aramis, en arrachant le cuir que ses doigts portaient pour le confronter, violemment certes, à la beauté qui s’émannait de son courage et des tâches de maquillage qui effleuraient son viage encore tuméfié par rares endroits.
aramis souriait, doucement, comme à chaque fois, quand il osait chérir et embrasser la délivrance des corps qui se fannaient dans leurs sermons.
« — merci. » avait-iel doucement chuchoté, avant d’ouvrir grand ses bras face à la laideur infâme de l’absence d’étoiles dans la nuit montante de novembre.
le béton se faisait fouetter par les pas rapides et enjoués des humains heureux d’être et d’éxister en dehors des regards méfiants. ernest oubliait son mal de vivre quand il était au bras de darius. ses démons s’envolaient pour aller affronter courageusement les peurs de se dresser face au silence des cordes vocales coupées par la peur de soi.
il n’y avait bien que dans ses mots, et dans la couleur de ses cheveux, peut être, que le jeune garçon aux mêches rouges osait crier toute la mocheté des tombeaux qui se dressaient dans le cimetière qu’étaient ses entrailles déchirées.
darius, lui, vivait dans la défiance permanente envers tout autre être humain qui s’enfuyait de son regard. il était dur et furieux d’éxister dans ces quelques bribes de tolérance préfavriquée que l’on balançait à tout va pour faire taire les cris des humains assassinés pour leur difference. darius se fiait peu aux regards bienveillants. il était un nuage rempli d’éclairs éxistants dans l’unique but de foudroyer la pluie froide de l’hiver.
ses bras encore décorés de quelques plis de sang séchés se montraient à nu face à l’imence et indémébile dédain que la nuit balance aux gueules dans son ivresse quotidienne.
« — quand est ce que les bars vont venir rattraper nos maux ? je crois bien que mes tripes appréciraient la chaleur humaine des pintes et l’écroulement soudain des dernières ruines de ce mois maudit. » avait dit ernest à darius et aramis, en pointant du doigt les verres pleins d’ambre dorées qui siegaient entre mains tremblantes, bords de lèvres gercées et tables en métal rouillé.
« — allons y tout de suite, j’ai besoin de vie fauve et d’alcool qui dévale les pentes de ma gorge nouée » avait répondu darius, réflechissant déjà au bar dans lequel iels allaient s’arrêter, ses acolytes et lui.
ils étaient beaux à voir. trois jeunes êtres, les bras labourés par la violence et les corps fracassés par les pluies trop violentes et colorés. ils portaient sur leur peaux nues la douceur d’un juillet et l’agressivité d’une nuit d’avril, un mois docile qui n’en devient pas plus clément une fois le noir tombé.
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ét(r)eindre la lumière
Poesíaernest et darius étaient allés étreindre les rayons de novembre pour apprendre de ses lumières desséchées l'éclipse du soleil était rouge et bleue, entre les corps nus et les peurs du noir rugissant. novembre c'est la course des peaux blessées, c'e...