73. Le phoenix (partie 3)

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If you disappear,

Si tu disparais,

Then I'm disappearing too

Alors je disparais aussi

If you fall apart,

Si tu t'effondres,

Then I'm falling behind you

Alors je m'effondre après toi

Paroles de People, I've Been Sad, par Christine and The Queens


JULIETTE

Quand j'entrai dans la salle d'attente, c'était pour découvrir Damen, seul, assit sur une chaise, les yeux fermés et les doigts cognant contre l'accoudoir. Il portait un col roulé noir, sûrement pour cacher les contusions de l'explosion, mais ce tissu sombre sur lui, recouvrant sa musculature d'apollon, épousant les courbes de son torse, tout ça me faisait divaguer.

Heureusement, entendre les talons de la docteure Hamar à mes côtés me ramena sur les rails de la raison.

Il ouvrit les yeux sur moi. Sa colère flottait dans l'air. La tempête tourbillonnait autour de lui mais il la maîtrisait afin qu'elle ne m'explose pas en pleine figure. Docteure Hamar le regarda avec circonspection car elle devinait ses états d'âmes.

— Damen ! Tout va bien ? demanda-t-elle sur un ton enjoué.

Les yeux noirs de Damen me transperçaient. Il était fougueux, en contradiction avec sa posture immobile. Je savais qu'il mourait d'envie de me partager toute cette rengaine mais il se contenait car il savait que ce n'était pas la bonne manière de m'aborder. Il se leva, déroula ses longues jambes, dévoilant sous mes pauvres yeux sa silhouette de rêve. Il était menaçant et érotique. D'un mouvement très lent, il amena sa main à son visage et frotta sa lèvre inférieure avec son index. Un geste trahissant son degré de nervosité.

Tallulah Hamar se figea devant son silence lourd de sens qui brûlait les murs et asphyxiait l'atmosphère.

— Qu'est-ce qu'il y a, Damen ?

— Il essaie de se calmer, lui indiquai-je, tandis qu'il marchait lentement de long en large, les mains dans les poches de son pantalon.

Et il réfléchissait très certainement à ma sentence vue les onyx de feu qui se plissaient au rythme de ses pensées.

Ma fugue un peu plus tôt dans la soirée lui avait bien évidemment déplu et ça le démangeait de m'instruire d'une bonne leçon. Mais ce n'était qu'une simple goutte d'eau comparé au raz-de-marée de sa soi-disant mort. Voilà pourquoi il n'osait pas lâcher la bête enragée qui aboyait après moi.

— Et cela porte ses fruits ? questionna docteure Hamar.

— En fait, Juliette, coupa-t-il d'un ton sec, je crois que nous savons tous les deux ce dont j'ai vraiment besoin pour redescendre et enfin me calmer.

Je n'avais aucun doute sur ce dont il avait besoin. Je rougis et, avant de passer la porte, docteure Hamar eut un petit rictus amusé.

Il était en colère, mais il me désirait comme un fou. Je lui en voulais, mais j'étais capable de gémir au moindre effleurement de son contact. Nous étions à la fois le poison mais aussi le remède qu'il fallait à l'un comme l'autre. Une dose de drogue pour se stimuler mais également une dose de drogue pour se calmer. Il était mon adrénaline et j'étais sa morphine. C'était malsain à en crever et enivrant à en solliciter. J'imaginais sans peine que n'importe quel psychologue nous aurait conseillé de nous éloigner l'un de l'autre. Mais celle-là comprenait. Sans que je ne sache réellement comment, elle parvenait à voir au-delà. C'était sa force et probablement ce qui faisait que Damen ne jurait que par elle depuis qu'il était petit.

Before StormOù les histoires vivent. Découvrez maintenant