77. Les atomes

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DAMEN

*Flashback*

"Si tu veux lui ôter tout ce qui le maintient vivant, debout : mets fin à mes jours. Et il arrêtera. Il ne sera plus. Il ne respirera plus. Si tu me tues, tu auras ta vengeance. Tu l'auras, Samia. Je te le promets. Alors prends-moi. Venge-toi".

Je ne respirai plus. Elle avait réussi à m'arracher le souffle, le coeur, la vie, avec ces simples mots. Ceux qui me projetaient dans un néant absolu, me noyaient d'une douleur que je ne connaissais pas.

Juliette, va-t-en ! Va-t-en !

Enfin, David arrivait, il l'embarquait. Elle hurlait mon prénom et je savais que plus jamais je ne l'entendrais à nouveau, plus jamais je ne la reverrais, plus jamais je ne pourrais respirer. Elle était mon monde, et mon monde prenait fin là.

Les invités étaient tous évacués.

Il y avait peu de traces, pas d'odeurs fortes, Samia n'avait pas fait autant de dégâts. Elle était venue pour moi et elle m'avait.

Je regardais la jeune fille en face de moi, les yeux dans les yeux. Elle allait m'ôter la vie. Et le peu de bonheur auquel j'avais pu goûter. Mais j'étais prêt. J'étais prêt depuis toujours.

- Samia, si c'est ce que tu veux faire alors fais-le. Si c'est toi, qui en te levant ce matin, as décidé que c'était la chose que tu voulais accomplir, que tuer des gens était ce qui te définissait. Alors vas-y.

- Je ne tue pas des gens, j'élimine les mécréants.

La sentence était tombée. Elle nous condamnait tous les deux.

Juliette...

Je fermais les yeux. J'entendais sa voix. Je lui répondais. Je voulais tellement la respirer. C'était tout ce que je voulais. Rien qu'une dernière fois.

Samia regardait le talkie-walkie entre mes mains, la tête penchée sur les côtés. Elle avait entendu notre conversation. Il y eut un moment de latence, où j'eus le sentiment bizarre de... l'atteindre. La voix de Juliette l'atteignait.

Elle abaissa légèrement son bras, puis d'un coup, il y eut un bruit assourdissant.

Un souffle long qui me propulsa dans le vide.

Des gémissements me réveillèrent. Le sol s'était effondré. Ou alors c'était le plafond ? Je ne distinguais rien si ce n'était une pluie de poussières...

Samia toussait, essayait de se relever, elle tenait son arme comme elle pouvait malgré la commotion. Le sang coulait de son nez, ses oreilles. Elle me visa avec son arme, dans un dernier élan de courage, mais un tir l'en empêcha. Sa main balaya l'air, à nouveau le sang gicla. Elle lâcha son fusil et se tordit de douleur. Alors elle s'en remit à son gilet explosif.

- Samia, la suppliai-je en essayant de me relever et de reprendre le dessus sur les différents traumatismes que mon corps ressentait.

Mais elle ne m'écouta pas. Elle essaya d'appuyer sur le déclencheur mais un corps se dressa devant elle. Il attrapa son poignet et le pressa si fort qu'elle lâcha son détonateur.

- Nacim ?

Il me regarda, me fit un signe de la tête courageux. Il gérait. Il se sacrifiait. Je retrouvais soudainement toute mon énergie.

- Nacim, NON !

Mais trop tard. Il souleva Samia et se jeta avec elle dans les escaliers. Stratégique. Déterminant. Mon cœur manqua un battement. Je ne pouvais pas le perdre ! Je voulais sauter dans ses escaliers moi aussi, prendre cette bombe à sa place. Mais ils roulaient tous les deux et ils atterrissaient finalement à des mètres de moi.

Before StormOù les histoires vivent. Découvrez maintenant