60. Le dernier contrat

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« Ce sera dur pour toi.
Ce sera compliqué pour moi.
Ce sera difficile pour nous.
Mais seule la douleur d'un vrai combat
Nous prouve à quel point ça vaut le coup »
Damen.

JUŁIETTE


Enfin, nous avions un plan.

Après une heure de débat et une autre heure de délibération, nous nous étions mis d'accord sur la stratégie à adopter.

Nous allions attraper Nacim dans les jours qui venaient, grâce à un élément imparable : les sentiments.

Pour cela, Ice s'était porté volontaire. Etant donné qu'il était le seul à avoir des enfants et une femme, ce serait un motif sans appel pour Nacim et son besoin de protéger la meute. Une famille en danger pour lui rappeler sa propre famille à lui. Il répondrait forcément à une attaque d'innocents, encore plus d'innocents qu'il connaissait. Ensuite, Solal se chargerait d'influencer les données informatiques auxquelles il pouvait potentiellement avoir accès, pour le conduire à croire que quelqu'un pourrait s'en prendre à eux.

— Et s'il tente de s'échapper ? voulait savoir 300.

Je ne croyais pas à cette solution. La première fois que j'avais vu Nacim, Damen avait réussi à le canaliser. Il s'était enfui seulement parce que David avait déboulé.

— Vous êtes sa famille, tout ce qui lui reste, rétorqua sagement Tariq. À vous de le convaincre de ne plus fuir.

J'étais on ne peut plus d'accord avec cette solution.

Tariq n'avait de toute évidence pas été à la guerre avec eux. Je n'avais rien pour le prouver, ni pour l'assurer, mais il y avait moins de rage chez lui que chez les autres. Il était plus modéré et plus calme dans sa manière de s'exprimer.

Pour l'opération « Nacim » il avait décidé de se tenir en retrait, ce qui avait eu l'air de ne déranger personne.

— Tariq a raison, acquiesça Mickey.

Le concerné posa sa main sur son buste.

— Il a toujours raison, se vantait-il.

— "Il" ne devrait pas parler de lui à la troisième personne, badinait Damen. Surtout s'il convoite le poste de chef d'Etat-Major des armées françaises.

— Le chef d'Etat-Major désarmé ouais ! pouffa Al.

La réplique de l'homme des bois lança les rires dans le salon. Tariq était le seul à ne pas trouver ça très drôle car il secouait la tête. Ça semblait être une blague entre eux.

— Sans les officiers de liaison, les forces armées ne rentreraient jamais saines et sauves des opérations.

C'était donc ça, leur ami n'avait pas été engagé au sol, mais sur les bases, probablement à un poste de commandement arrière.

— Alors où est-ce que vous étiez lorsque notre unité a été prise en embuscade ? attaqua Ice.

L'agitation redescendit net. Comme à son habitude, le mur de glace du groupe savait faire baisser la température.

— Où étiez-vous, lorsqu'une partie de cette unité s'est faite capturée et torturée ?

— Ice... soupira Tariq, visiblement contrarié.

— Est-ce que les officiers de liaison savent ce que ça fait, que de puer la pisse du matin au soir, parce que des races de mort de terroristes urinaient sur nous ? Afin que l'on soit impure aux yeux de leur religion, de leur Dieu, et qu'ils puissent mieux nous châtier ? Est-ce qu'ils savent ce que ça fait, que de sentir littéralement ses os avaler sa peau, parce que c'étaient tout ce qu'il restait de nous après des semaines entières affamées – de la peau & des os ? Et est-ce que les officiers de liaison savent que pour marquer un homme noir, il faut insister, encore et encore, sur la même zone ? Non ? Parce qu'eux si, et MOI également, et je les écoutais jour après jour, parier sur combien de temps je tiendrais.

Before StormOù les histoires vivent. Découvrez maintenant