58. La Cour des Miracles

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« Si une femme coure après un homme, elle finira épuisée et déshonorée avant même d'arriver à la relation. Si un homme au contraire coure après une femme, qu'elle le laisse s'épuiser. Et si, une fois à la relation, il trouve encore la force de se battre pour elle, alors il aura bien mérité de rester », extrait tiré du livre Conseil d'une femme à une femme (volume I), par Liliana Deboisvilliers.

   

ĐAMEN

D'un petit caillou, on pouvait faire un diamant.

D'une petite graine, on pouvait faire une belle plante.

D'un petit rayon de soleil, on pouvait faire un feu de camp.

D'une petite goutte de pluie, on pouvait faire un jardin royal.

Et d'une petite rencontre entre une cellule reproductrice et un ovocyte... on pouvait faire Juliette Hildegarde.

La nature avait ses perfections que les perfections ignoraient.

Depuis mon coin de l'ascenseur, j'observai l'être le plus galvanisant de mon hémisphère faire ce qu'il faisait de mieux : être lui-même.

Un stylo en main, elle marquait la surface entière de son avant-bras de toutes les idées qui lui passaient par la tête. Elle avait commencé dans la voiture sur un bout de papier, avant que celui-ci ne soit remplit d'encre noir, recto-verso, et qu'elle décide de continuer sur son corps.

Je ne connaissais rien de plus adorable que Juliette, élève studieuse, à la tête trop étroite pour son esprit. Que c'était bon d'assister aux prémices de ses réflexions. Que c'était bon d'être aux premières loges d'autant de pensées créatrices.

Son intelligence n'avait d'égal que sa beauté.

Elle pencha la tête sur une épaule et tapota sa joue. Ça y'est ! Elle m'avait eu avec ce geste si particulier qui lui était propre. Elle marqua au creux de sa main « Cadre Spatio-Temporel ? » avec un énorme point d'interrogation, et compta sur ses doigts jusqu'à cinq, avant de sourciller et de relever le menton.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien. Je te regarde. C'est tout.

Je la fixai également, bien qu'avec cette robe indécente, ce maquillage noir qui assombrissait le contour de ses yeux, rallongeait ses cils, cette bouche pulpeuse pleine d'un rouge à lèvres chair et ses joues roses comme après un effort endurant, les traces de violet sur son corps qui témoignaient de nos retrouvailles endiablées... Elle n'en était que plus bandante. C'était impossible. Je savourai ses courbes délicieuses, la délicatesse de sa taille au-dessus de ses hanches arrondies, qui portaient avec honneur le fessier le plus galbé et rebondi au monde. Quant à ce dos nu d'une finesse et d'une élégance, qui révélait à la fois la splendeur de sa silhouette et la douceur de sa peau. Par tous les sacro-saints ! Il pourrait donner le gourdin aux plus pieux des hommes pieux. À travers elle, je redécouvrais le corps d'une femme. Biologiquement parlant, elle était comme toutes les autres. Mais physiquement parlant, elle mettait le monde à l'amende. Elle venait d'un autre univers. Elle me mystifiait.

Doux chaton, aux pouvoirs envoûtants.

— J'ai l'impression que je ne t'ai pas vu, pas parlé, pas approché depuis une éternité.

J'avançai vers elle.

— Alors je te regarde. Je te sens...

Encore un pas. Elle était proche. Son parfum sucré, épicé me tourmentait. J'avais la queue qui palpitait, des fantasmes démentiels qui me démangeaient. Plus je la collais et plus mon cœur s'excitait. Je me sentais électrifié par sa présence et je savais que le moindre contact provoquerait un court-circuit dans la France entière. Et par la même occasion, me permettrait de profiter de cette coupure d'électricité pour la profaner à souhait.

Before StormOù les histoires vivent. Découvrez maintenant